nts, Romane et les enfants Papofski.
"Dejeunons, dit-il avec calme en se mettant a table. Ici, Natasha, a ma
gauche."
Natasha: Mais, mon oncle..., ma tante..., c'est sa place."
Le general, souriant: "Ta tante est au salon, en train de digerer sa
nouvelle fortune, assaisonnee de quelques verites dures a avaler."
Natasha ne comprenait pas et regardait d'un air etonne son oncle, sa
mere et Romane, qui riaient tous les trois.
"Dans quinze jours tu sauras tout, mon enfant. Mange ton dejeuner et ne
t'inquiete pas des absents."
Natasha suivit gaiement le conseil de son oncle, et l'entendit avec
bonheur annoncer leur depart a tous ses gens.
Pendant les derniers jours passes a Gromiline, il y eut beaucoup
d'agitation, d'allees et de venues causees par le depart du maitre.
Mme Papofski parut a peine aux repas, et garda le silence sur sa
conversation avec son oncle. Feindre etait difficile et inutile, agir et
parler sincerement pouvait etre dangereux et changer les dispositions
genereuses de son oncle. Ses enfants recurent du general la defense de
jouer avec leurs cousins et avec les petits Derigny; Mitineka et Yegor
voulurent un jour enfreindre la consigne et entrainer Paul, qu'ils
rencontrerent dans un corridor. Le general passait au bout avec Derigny
et entendit les cris de Paul, il fit saisir Mitineka et Yegor et les fit
fouetter de facon a leur oter a tous l'envie de recommencer. Sonushka
eut le meme sort pour avoir mechamment lance une bouteille d'encre sur
Natasha, qui en fut inondee, et dont la robe fut completement perdue.
La veille du depart, le general remit a Mme Papofski, sans lui parler,
un portefeuille, plein des papiers qu'il lui avait annonces. Elle le
recut en silence et s'eloigna avec sa proie. On devait partir a neuf
heures du matin; le general, pour eviter les adieux des Papofski, leur
avait fait dire qu'il partait a midi apres dejeuner.
Avant de monter en voiture, le general rassembla tous ses gens, leur
annonca qu'il leur avait donne a tous leur liberte, et il remit a chacun
cinq cents roubles en assignats. La joie de ces pauvres gens recompensa
largement le general de cet acte d'humanite et de generosite. Apres leur
avoir fait ses adieux, il monta dans sa berline avec sa niece, Natasha
et M. Jackson. Dans une seconde berline se placerent Mme Derigny,
Alexandre, Michel, qui avaient demande avec insistance d'etre dans la
meme voiture que Jacques et Paul; sur le siege de la premiere voiture
|