pour tous, grace aux
plaisanteries aimables du bon general. Quand on s'arreta pour diner, le
secret du prince Romane fut revele a ses anciens eleves et aux enfants
de Derigny. Lui et sa femme savaient des l'origine ce qu'etait M.
Jackson. Alexandre et Michel regardaient avec une surprise melee de
respect leur ancien gouverneur. Ils ne dirent rien d'abord, puis ils
s'approcherent du prince, lui prirent les mains et les serrerent contre
leur coeur.
Alexandre: "Je suis bien fache... c'est-a-dire bien content, que vous
soyez le prince Pajarski, mon bon monsieur Jackson. Cela me fait bien
de la peine,... non, je veux dire... que... ce sera bien triste...,
c'est-a-dire bien heureux pour nous, de ne plus vous voir..., pas pour
nous, pour vous, je veux dire... Je vous aime tant!"
Le pauvre Alexandre, qui ne savait plus ce qu'il disait, eclata en
sanglots, et se jeta dans les bras de son ex-gouverneur. Michel fit
comme son frere. Le prince Romane les embrassa, les serra contre son
coeur.
Le prince: "Mes chers enfants, vous resterez mes chers eleves, si votre
mere et votre oncle veulent bien me garder; pourquoi me renverrait-on,
si tout le monde est content de moi?"
Alexandre: "Comment! vous voudriez..., vous seriez assez bon pour rester
avec nous, quoique vous soyez prince?"
Le prince: "Eh! mon Dieu, oui! un pauvre prince sans le sou, qui sera
assez bon pour vivre heureux au milieu d'excellents amis, si toutefois
ses amis veulent bien le lui permettre."
Mme Dabrovine lui serra la main en le remerciant affectueusement de la
preuve d'amitie qu'il leur donnait. Le general l'embrassa a l'etouffer;
Natasha le remerciait du bonheur de ses freres; Jacques et Paul
restaient a l'ecart.
"Et vous, mes bons enfants, leur dit le prince en les embrassant, je
veux aussi vous conserver comme eleves: je serai encore votre maitre
et toujours votre ami. C'est toi, mon petit Paul, qui m'as trouve le
premier."
Paul: "Je me le rappelle bien! Vous aviez l'air si malheureux! Cela me
faisait de la peine."
Jacques: "J'ai bien pense que vous vous etiez sauve de quelque prison!
Vous aviez si peur qu'on ne vous denoncat."
Le prince: "L'as-tu dit a quelqu'un?"
Jacques: "A personne! Jamais! Je savais bien que cela pourrait vous
faire du mal."
Le general: "Brave enfant! tu auras la recompense de ta charitable
discretion."
Jacques: "Je n'en veux pas d'autre que votre amitie a tous!
Le general: "Tu l'as et tu l'auras, mon brave
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