ans
pouvoir ni monter ni descendre?"
Derigny: "Non, mon general, mais il vaut toujours mieux etre plusieurs
pour..., pour ce genre de promenade."
Le general; "Ne serons-nous pas plusieurs, puisque nous y allons tous?"
Derigny: "C'est vrai, mon general, mais... je serai plus tranquille si
vous me.. permettez de vous suivre."
Le general: "Je vois ou vous voulez en venir, mon bon ami! Vous voudriez
me faire rester a la maison ou sur la promenade. Eh bien, non; la maison
m'ennuie, la promenade des eaux m'ennuie; je veux respirer l'air pur des
montagnes, et je les accompagnerai."
L'air inquiet de Derigny fit rire le general et l'attendrit en meme
temps. "Venez avec nous, mon ami, venez; nous grimperons ensemble; vous
allez voir que je suis plus leste que je n'en ai l'air."
Le general fit une demi-pirouette, chancela et se retint au bras de
Derigny, qui sourit.
"Vous triomphez, parce que mon pied a accroche une pierre! Mais... vous
me verrez a l'oeuvre. Allons, en avant! a l'assaut!"
Les quatre enfants partirent en courant. Natasha aurait bien voulu les
suivre; mais elle avait seize ans, il fallait bien donner quelque chose
a son titre de jeune personne; elle soupira et elle resta pres de son
oncle, qui marchait de toute la vitesse de ses jambes de soixante-quatre
ans. Le prince Romane et Derigny marchaient pres de lui. Quand on arriva
au sentier etroit et rocailleux que se perdait dans les montagnes, le
general poussa Natasha devant lui.
"Va, mon enfant, rejoindre tes freres et les petits Derigny qui grimpent
comme des ecureuils. Il n'y a personne ici, et tu peux courir tant que
tu veux. Moi, je vais escalader tout cela a mon aise, sans me presser.
Romane, passe devant, mon fils; Derigny fermera la marche."
Le general commenca son ascension, lentement, peniblement: il n'etait
pas a moitie de la montagne, qu'il demandait si l'on etait bientot au
sommet. Natasha allait et venait, descendait en courant ce qu'elle
venait de gravir, pour savoir comment son oncle se tirait d'affaire.
Romane precedait le general de quelques pas, lui donnant la main dans
les passages les plus difficiles. Derigny suivait de pres, le poussant
par moments, sous pretexte de s'accrocher a lui pour ne pas tomber.
"C'est ca! appuyez-vous sur moi, Derigny! Tenez ferme, pour ne pas
rouler dans les rochers, criait le general, enchante de lui servir
d'appui. Vous voyez que je ne suis pas encore si lourd ni si vieux,
puisque c'est moi qu
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