tasha, tres surprise: "Mon oncle vous a aide?... C'est lui qui vous a
aide!".
Derigny, riant tout a fait: "Demandez plutot au general, mademoiselle;
il, vous le dira bien."
Le general, se frottant les mains: "Certainement, Natasha; certainement.
Sans moi, il ne serait jamais arrive! Tu vas voir a la descente; ce sera
la meme chose."
Natasha regardait toujours Derigny, comme pour demander une explication.
Il lui fit signe en riant que ce serait pour plus tard. Natasha commenca
a deviner et sourit.
"Partons, dit le general. Les enfants en avant, Natasha aussi; Romane
devant moi, pour etre au centre de la ligne; Derigny derriere moi, pour
ne pas tomber et pour se retenir a moi."
Les enfants s'elancerent en avant. La descente etait difficile,
escarpee, glissante; les pierres roulaient sous les pieds; les rochers
formaient des marches elevees; des trous, semblables a des precipices
bordaient le sentier. Chacun s'appuya sur son baton et marcha bravement
en avant; les garcons descendaient tantot courant, tantot glissant.
et ne furent pas longtemps a atteindre le bas de la montagne: Natasha
descendait d'un pied sur, sautant parfois, glissant sur les talons,
s'accroupissant par moments, mais ne s'arretant jamais. Romane aurait
fait comme elle, s'il n'avait ete inquiet des allures desordonnees du
general, qui trebuchait, qui sautait sans le vouloir, qui glissait
malgre lui, qui serait tombe a chaque pas, si Derigny, fidele a sa
recommandation, ne l'eut tenu fortement par les basques de sa redingote.
"Tenez-vous ferme, mon pauvre Derigny, criait le general: ne me menagez
pas; je vous soutiendrai bien, allez."
Le pauvre general butait, gemissait, maudissait les montagne! et les
rochers. Derigny suait a grosses gouttes: il lui fallait preter une
extreme attention aux mouvements du general pour ne pas le tirer mal a
propos et pour ne pas le lacher, le laisser buter et tomber sur le nez.
A moite chemin, la descente devenait plus raide et plus rocailleuse
encore; le general buta si souvent, Derigny tira si fort, que le dernier
bouton de la redingote sauta; le general en recut une saccade qui manqua
le jeter sur le nez; Derigny donna, pour le relever, une secousse qui
fit partir: tous les autres boutons; le general leva les bras en l'air
en signe de detresse; les manches de la redingote glisserent en se
retournant le long de ses bras, et le pauvre general, laissant son habit
aux mains de Derigny epouvante, fit trois ou qu
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