e la police dans le
village, regler les differends et prendre leurs interets. On se soumet
toujours aur decisions du staroste ou ancien.]
Mme Papofski, qui etait presente avec ses trois aines pour assister aux
executions, poussa un cri de rage, se jeta sur le staroste pour
arracher et mettre en pieces ce papier maudit; mais le staroste l'avait
prestement passe a son voisin, qui l'avait donne a un autre, et ainsi de
suite, jusqu'a ce que le papier eut disparu et fut devenu introuvable.
"Maria Petrovna, dit le staroste avec un sourire fin et ruse, l'acte
signe de M. le comte est entre les mains du capitaine ispravnik; il ne
m'a envoye qu'une copie."
Le staroste sortit apres s'etre incline jusqu'a terre; les paysans en
firent autant, et tous allerent au cabaret boire a la sante de leur bon
M. le comte, de leur excellent maitre.
Mme Papofski resta seule avec ses enfants, qui, effrayes de la colere
contenue de leur mere, auraient bien voulu s'echapper; mais le moindre
bruit pouvait attirer sur leurs tetes et sur leurs epaules l'orage qui
n'avait pu encore eclater. Ils s'etaient eloignes jusqu'au bout de la
salle, et s'etaient rapproches de la porte pour pouvoir s'elancer dehors
au premier signal.
Une dispute s'eleva entre eux a qui serait le mieux place, la main sur
la serrure; le bruit de leurs chuchotements amena le danger qu'ils
redoutaient. Mme Papofski se retourna, vit leurs visages terrifies,
devina le sujet de leur querelle et, saisissant le plette (fouet)
destine a faire sentir aux malheureux paysans le joug de leurs nouveaux
maitres, elle courut a eux et eut le temps de distribuer quelques coups
de ce redoutable fouet avant que leurs mains tremblantes eussent pu
ouvrir la porte, et que leurs jambes, affaiblies par la terreur, les
eussent portes assez loin pour fatiguer la poursuite de leur mere.
Mme Papofski s'arreta haletante de colere, laissa tomber le fouet,
reflechit aux moyens de s'affranchir de la defense de son oncle. Apres
un temps assez considerable passe dans d'inutiles coleres et des
resolutions impossibles a effectuer, elle se decida a aller a Smolensk,
a voir le capitaine ispravnik, et a chercher a le corrompre en lui
offrant des sommes considerables pour dechirer les actes par lesquels le
comte Dourakine donnait la liberte a ses gens et defendait a sa niece
d'infliger aucune punition corporelle a ses paysans, ce qui serait un
obstacle a l'augmentatIon de l'abrock, etc. Elle rentra au chatea
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