re quelques enfants
que je garderai pour amuser les miens. Il faut bien que mes garcons
apprennent a fouetter eux-memes leurs gens; ces enfants serviront a
cela. Quand on fait fouetter, on est si souvent trompe! Entre amis et
parents, ils se menagent! Vous croyez votre homme puni; pas du tout! a
peine s'il a la peau rouge! C'est mon mari qui savait faire fouetter!
Quand il s'y mettait, le fouette sortait d'entre ses mains comme une
ecrevisse... Mon oncle gatait ses gens; il faut que je remette tout
cela en ordre... Ce Vassili! il se repentira de n'avoir pas obei a mes
volontes en cachette de mon oncle_.. Commencons par lui... Vassili!
Vassili!... Ou est-il? Mashka, va me chercher cet animal de Vassili qui
ne vient pas quand je l'appelle."
[Note 5: Redevance ou fermage que payent les paysans quand on leur
abandonne la culture des terres.]
[Note 6: Les dvarovoi sont les paysans qui ont ete attaches au
service particulier des maitres. Leurs familles ont a jamais le
privilege de ne plus travailler la terre et d'etre nourries et logees
par le maitre.]
La pauvre fille courut a toutes jambes chercher Vassili, et revint
tremblante dire a sa maitresse que Vassili etait sorti et qu'on ne le
retrouvait pas. Les yeux de Mme Papofski flamboyaient.
"Sorti! sorti sans ma permission! Mais c'est impossible! Tu es une
sotte! tu as mal cherche! Cours vite, et si tu ne me le ramenes pas,
prends garde a ta peau."
La malheureuse Mashka courut encore de tous cotes, et, n'osant revenir
seule, elle ramena Nikita, le maitre d'hotel.
"Et Vassili? cria Mme Papofski quand elle les vit entrer."
Nikita: "Vassili est sorti, Maria Petrovna."
Madame Papofski: "Comment a-t-il ose sortir?"
Nikita: "Il est alle a la ville pour chercher une place."
Mme Papofski resta muette de surprise et de colere.
Le maitre d'hotel continua, en la regardant avec une joie malicieuse:
"M. le comte nous ayant donne la liberte a tous, nous tachons de nous
pourvoir a Smolensk. Moi, je compte aller a Moscou, ainsi que les
cochers et les laquais, d'apres les ordres de M. le general Negrinski,
qui veut nous avoir."
Madame Papofski: "La liberte!... Mon oncle!... Sans me rien dire!...
Mais vous etes fou!... C'est impossible? Vous ne savez donc pas que
c'est moi qui suis votre maitresse, que j'ai tout pouvoir sur vous, que
je peux vous faire fouetter a mort."
Nikita: "M. le comte nous a donne la liberte, Maria Petrovna! Personne
n'a de droit sur nous
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