e grandes louanges, on lit:
Hic docuit voces cum rebus significare,
Et docuit voces res significando notare;
Errores generum correxit, ita specierum.
Hic genus et species in sola voce locavit,
Et genus et species _sermones_ esse notavit.
Significativum quid sit, quid significatum,
Significans quid sit, prudens diversicavit.
Hic quid res essent, quid voces significarent,
Lucidius reliquis patefecit in arte peritis.
Sic animal nullumque animal genus esse probatur.
Sic et homo et nullus homo species vocitatur[106].
[Note 105: Voyez ci-dessus, c. viii et le c. ix.]
[Note 106: Rawlinson, dans son edition des Lettres, donne l'epitaphe
d'ou ces vers sont extraite, avec ce titre: "Epitaphium, ex M.S. in
Bibl. Oxon ex Godfrid priore ecclesiae S. Swithuni, Winton." (_P. Abael.
et Helois. epistol._, 1 vol. in-8 deg.. Lond. 1718.)]
C'est bien la, du moins sous un de ses aspects, la doctrine d'Abelard,
telle que nous allons la connaitre; mais comment l'existence des choses
universelles, des qu'elle reside dans les discours, _sermones esse_,
peut-elle n'etre pas entierement nominale? Le manuscrit, dont nous avons
donne plus haut un extrait, va cependant nous offrir l'expression
de cette doctrine qu'il trouve plus conforme a la raison, _sermoni
vicinior_, et qui, n'attribuant la communaute ni aux choses ni aux mots,
veut que ce soient les discours qui sont singuliers ou universels.
Aristote, au dire d'Abelard, parait l'insinuer clairement, quand il
definit l'universel ce qui est ne attribuable a plusieurs, _quod de
pluribus natum est praedicari_[107]. C'est une propriete avec laquelle
il est ne, qu'il a d'origine, _a nativitate sua_. Or quelle est la
_nativite_, l'origine des discours ou de noms? l'institution humaine,
tandis que l'origine des choses est la creation de leurs natures. Cette
difference d'origine peut se rencontrer la meme ou il s'agit d'une meme
essence. Ainsi dans cet exemple: _Cette pierre et cette statue ne font
qu'un_, l'etat de pierre ne peut etre donne a la pierre que par la
puissance divine, l'etat de statue lui peut etre donne par la main des
hommes.
[Note 107: Boeth., _De Interp._, ed. sec., p. 338.--On lit
dans Aristote: [Grec: Legos katholou o epi pleionon pephuche
kathegoreisthai.] Hermen._, VII.]
Or, du moment que l'universel est d'origine attribuable a plusieurs, ni
les choses ni les mots ne sont universels. Car ce n'est pas le mot, la
voix, mais le discours, _sermo_,
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