uestion est-il tout fait.
-- Ah! c'est different, dit le capitaine. Si le carrosse est tout
fait, tres bien, on n'a qu'a le faire aller.
-- Il est tout attele.
-- Ah!
-- Et le cocher, avec les piqueurs, attend dans la cour basse du
chateau.
D'Artagnan s'inclina.
-- Il ne me reste, ajouta-t-il, qu'a demander au roi en quel
endroit on conduira M. Fouquet.
-- Au chateau d'Angers, d'abord.
-- Tres bien.
-- Nous verrons ensuite.
-- Oui, Sire.
-- Monsieur d'Artagnan, un dernier mot: vous avez remarque que,
pour faire cette prise de Fouquet, je n'emploie pas mes gardes, ce
dont M. de Gesvres sera furieux.
-- Votre Majeste n'emploie pas ses gardes, dit le capitaine un peu
humilie, parce qu'elle se defie de M. de Gesvres. Voila!
-- C'est vous dire, monsieur, que j'ai confiance en vous.
-- Je le sais bien, Sire! et il est inutile de le faire valoir.
-- C'est seulement pour arriver a ceci, monsieur, qu'a partir de
ce moment, s'il arrivait que, par hasard, un hasard quelconque,
M. Fouquet s'evadat... on a vu de ces hasards-la, monsieur...
-- Oh! Sire, tres souvent, mais pour les autres, pas pour moi.
-- Pourquoi pas pour vous?
-- Parce que moi, Sire, j'ai un instant voulu sauver M. Fouquet.
Le roi fremit.
-- Parce que, continua le capitaine j'en avais le droit ayant
devine le plan de Votre Majeste sans qu'elle m'en eut parle, et
que je trouvais M. Fouquet interessant. Or j'etais libre de lui
temoigner mon interet, a cet homme.
-- En verite, monsieur, vous ne me rassurez point sur vos
services!
-- Si je l'eusse sauve alors, j'etais parfaitement innocent: je
dis plus, j'eusse bien fait, car M. Fouquet n'est pas un mechant
homme. Mais il n'a pas voulu; sa destinee l'a entraine; il a
laisse fuir l'heure de la liberte. Tant pis! Maintenant, j'ai des
ordres, j'obeirai a ces ordres, et M. Fouquet, vous pouvez le
considerer comme un homme arrete. Il est au chateau d'Angers,
M. Fouquet.
-- Oh! vous ne le tenez pas encore, capitaine!
-- Cela me regarde; a chacun son metier, Sire; seulement, encore
une fois, reflechissez. Donnez-vous serieusement l'ordre d'arreter
M. Fouquet, Sire?
-- Oui, mille fois oui!
-- Ecrivez alors.
-- Voici la lettre.
D'Artagnan la lut, salua le roi et sortit.
Du haut de la terrasse, il apercut Gourville qui passait l'air
joyeux, et se dirigeait vers la maison de M. Fouquet.
Chapitre CCXLVI -- Le cheval blanc et le cheval noir
"Voila qui
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