sexe faible et sensible a semble un crime:
deux femmes ont ete trainees au carcan pour avoir implore la grace
de leurs peres, de leurs maris et de leurs enfants. On a defendu la
commiseration et les larmes. La nature est forcee de contraindre ses
plus justes et ses plus genereux mouvements, sous peine de mort. La
douleur n'exagere point ici l'exces de ses maux; ils sont attestes par
les proclamations de ceux qui nous frappent. Quatre milles tetes sont
encore devouees au meme supplice; elles doivent etre abattues avant la
fin de frimaire. Des suppliants ne deviendront point accusateurs: leur
desespoir est au comble, mais le respect en retient les eclats;
ils n'apportent dans ce sanctuaire que des gemissements et non des
murmures."
Les murmures, les fremissements eclaterent; ce furent un moment ceux de
la pitie. Il est vrai qu'ils durerent peu. En vain Camille Desmoulins
hasarda dans son _Vieux Cordelier_ quelques maximes tardives d'humanite.
Collot-d'Herbois accourut de Lyon et se justifia.. On mit en arrestation
les envoyes lyonnais; on se demandait qui les avait inspires, qui avait
pu faire a la Convention, par leur bouche, cette etrange et pathetique
surprise. Garat eut le bon gout de deviner et la legerete de nommer
Fontanes.[114]
[Note 114: Il le nomma au sein du Comite de surete generale.--On
peut voir au tome XXX de l'_Histoire parlementaire de la Revolution
francaise_, pages 381, 382, 392 et suivantes, les details des deux
seances de la Convention, 20 et 21 decembre, et la discussion du chiffre
vrai des mitrailles.]
Celui-ci ne fut pas arrete, ou du moins il ne le fut que durant trois
fois vingt-quatre heures, et par megarde, comme s'etant trouve dans la
voiture de M. de Langeac, son ami, a qui on en voulait. Il put obtenir
d'etre relache avant qu'on insistat sur son nom. Il quitta Paris et
passa le reste de la Terreur cache a Sevran, pres de Livry, chez
madame Dufrenoy, et aussi aux Andelys, qu'il revit alors, comme nous
l'attestent les vers touchants, et un peu faibles, de son _Vieux
Chateau_.
Dans ce petit poeme et dans quelques autres pieces qui le suivent en
date, comme _les Pyrenees_, le style de M. de Fontanes, il faut le dire,
se detend sensiblement, ne se tient plus a cette ferme hauteur qu'avait
marquee l'_Essai sur l'Astronomie_. La facilite facheuse du XVIIIe
siecle l'emporte. Chaque maniere (meme la bonne, la meilleure, si l'on
veut) est voisine d'un defaut. Quand les poetes de l'epoque clas
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