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sein de la Convention: dans le _Moniteur_ du 2 nivose an II, qui rend
compte de la seance du 30 frimaire, on lit que les petitionnaires se
presenterent a la barre _le chapeau sur la tete_. Couthon s'en formalisa
et, interrompant Changeux, demanda que tout petitionnaire fut tenu
d'oter son chapeau en paraissant devant les representants du peuple.
Robespierre prit la parole, et, tout en approuvant Couthon, excusa
benignement l'intention des petitionnaires. Ceux-ci donc oterent leur
chapeau, et Changeux commenca.]
L'effet sur la Convention fut grand. On a compare cet energique langage
a celui du paysan du Danube en plein Senat romain. L'art pourtant, qui
se derobait, y etait d'autant moins etranger. Fontanes avait adroitement
emprunte et prodigue les formes sacramentelles du jour: "Une grande
Commune a merite l'indignation nationale: mais qu'avec l'aveu de ses
egarements vous parvienne aussi l'expression de ses douleurs et de son
repentir! Ce repentir est vrai, profond, unanime; il a devance le
moment de la chute des traitres qui nous ont egares." Mais toute cette
phraseologie obligee de _peuple magnanime_ et de _traitres_ n'etait
qu'une precaution oratoire pour amener la Convention a entendre face a
face ceci:
"Les premiers deputes (_apres le siege de Lyon_) avaient pris un arrete,
a la fois juste, ferme et humain: ils avaient ordonne que les chefs
conspirateurs perdissent seuls la tete, et qu'a cet effet on instituat
deux Commissions qui, en observant les formes, sauraient distinguer
le conspirateur du malheureux qu'avaient entraine l'aveuglement,
l'ignorance et surtout la pauvrete. Quatre cents tetes sont tombees dans
l'espace d'un mois, en execution des jugements de ces deux Commissions.
De nouveaux juges ont paru et se sont plaints que le sang ne coulat
point avec assez d'abondance et de promptitude. En consequence, ils ont
cree une Commission revolutionnaire, composee de sept membres, chargee
de se transporter dans les prisons et de juger, en un moment, le grand
nombre de detenus qui les remplissent. A peine le jugement est-il
prononce, que ceux qu'il condamne sont exposes en masse au feu du canon
charge a mitraille. Ils tombent les uns sur les autres frappes "par la
foudre, et, souvent mutiles, ont le malheur de ne perdre, a la premiere
decharge, que la moitie de leur vie. Les victimes qui respirent encore,
apres avoir subi ce supplice, sont achevees a coups de sabres et de
mousquets. La pitie meme d'un
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