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naturelles de madame Roland, avec laquelle il avait eu occasion de
passer quelques jours pres de Lyon, en 1791. Enfin, nous trouvons
Fontanes (sa ligne de parti etant donnee) aussi sage, aussi juste, aussi
parfait de gout qu'on le peut souhaiter envers les personnes, envers
toutes... excepte une seule: je veux parler de madame de Stael. Car il
la toucha malicieusement bien avant les fameux articles du _Mercure_ en
1800. A plusieurs reprises, dans _le Memorial_, elle revient sous
sa plume: en s'attaquant a une brochure de Benjamin Constant[121], il
n'hesite pas a la reconnaitre aux endroits les plus vifs, les plus
heureux, et c'est pour l'en louer avec une ironie cavaliere que
dorenavant, a son egard, il ne desarmera plus. Le piquant des premieres
escarmouches fut tel, des ce temps du _Memorial_[122], que plusieurs
lettres de reclamations anonymes lui arriverent. En declarant le tort de
M. de Fontanes, on sent le besoin de se l'expliquer.
[Note 118: _Memorial_ du 1er juillet 1797, article sur les
francs-macons et les illumines.--Fontanes, dans son voyage a Geneve,
avait ete introduit naturellement pres de Bonnet par M. de Fontanes,
pasteur et professeur, qui etait d'une branche de sa famille restee
calviniste et Refugiee.]
[Note 119: 11 et 12 aout.]
[Note 120: 13 juillet.]
[Note 121: 20 juin.]
[Note 122: Article du 22 juillet et numero du 1er septembre.]
Fontanes, comme Racine, comme beaucoup d'ecrivains d'un talent doux,
affectueux, tendre, avait tout a cote l'epigramme facile, aceree.
Chez lui la goutte de miel lent et pur etait gardee d'un aiguillon
tres-vigilant. S'il ne montrait d'ordinaire que de la sensibilite dans
le talent, il portait de la passion dans le gout. Il etait, ai-je dit,
de l'ecole francaise en tout point: et en effet, tout ce qui, a
quelque degre, tenait au germanisme, a l'anglomanie, a l'ideologie, a
l'economisme, au jansenisme, tout ce qui sentait l'outre, l'obscur,
l'emphatique, se liait dans son esprit par une association rapide et
invincible; il voyait de tres-loin et tres-vite: son imagination faisait
le reste. En somme, toutes les antipathies qu'on se figure que Voltaire
aurait eues si vives durant la Revolution et de nos jours, Fontanes les
a eues et nous les represente, et non par routine ni par tradition, mais
bien vives, bien senties, bien originales aussi; il etait ne tel. De la
famille de Racine par le coeur et par les vers, il touchait a Voltaire
par l'esprit et par le
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