e liberte_, de meme qu'elle me citait
avec plaisir ce mot de Fauchet: "Jesus-Christ mon seul maitre."--On a
dit qu'elle m'avait beaucoup preche; ce n'etait pas sa maniere.--Elle
m'a souvent exprime, dans le cours de son delire, la pensee qu'elle
irait au ciel; et oserai-je ajouter que cette idee ne suffisait pas pour
prendre son parti de me quitter? Elle m'a dit plusieurs fois: "Cette
vie est courte, troublee... reunissons-nous en Dieu, passons ensemble
l'eternite." Elle m'a souhaite et a nous tous la _paix du Seigneur_.
[Note 92: La plupart des femmes d'emigres avaient, en 1793, rempli la
formalite d'un divorce simule, pour mettre a l'abri une portion de leur
fortune.]
"Quelquefois on l'entendait prier dans son lit. Il y eut, une des
dernieres nuits, quelque chose de celeste a la maniere dont elle recita
deux fois de suite, d'une voix forte, un cantique de Tobie applicable a
sa situation, le meme qu'elle avait recite a ses filles en apercevant
les clochers d'Olmuetz[93]. Voila comment cet ange si tendre a parle dans
sa maladie, ainsi que dans les dispositions qu'elle avait faites il y a
quelques annees, et qui sont un modele de tendresse, de delicatesse et
d'eloquence du coeur.
[Note 93: Voici le texte du cantique recite par madame de La Fayette
a l'aspect d'Olmuetz, quand elle vint partager la captivite du general au
mois d'octobre 1795: "Seigneur, vous etes grand dans l'eternite, votre
regne s'etend dans tous les siecles, vous chatiez et vous sauvez, vous
conduisez: les hommes jusqu'au tombeau, et vous les en ramenez, et nul
ne se peut soustraire a votre puissante main. Rendez graces au Seigneur,
enfants d'Israel, et louez-le devant les nations, parce qu'il vous a
ainsi disperses parmi les peuples qui ne le connaissent point, afin que
vous publiiez ses miracles, et que vous leur appreniez qu'il n'y en a
point d'autre que lui qui soit le Dieu tout-puissant. C'est lui qui noua
a chaties a cause de nos iniquites, et c'est lui qui nous sauvera pour
signaler sa misericorde. Considerez donc la maniere dont il nous a
traites, benissez-le avec crainte et avec tremblement, et rendez hommage
par vos oeuvres au Roi de tous les siecles. Pour moi je le benirai dans
cette terre ou je suis captive, etc." (Tobie, chap. XIII, v. 2, 3, 4, 5,
6 et 7.)]
"Vous parlerai-je du plaisir sans cesse renaissant que me donnait une
confiance entiere en elle, jamais exigee, recue au bout de trois mois
comme le premier jour, justifiee par u
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