de Londres a son ami Jouhert, que plusieurs hymnes d'Ossian ont
encore garde leurs premiers airs. On m'a repete son apostrophe a la
lune. La musique ne ressemble a rien de ce que j'ai entendu. Je ne doute
pas qu'on ne la trouvat tres-monotone a Paris: je la trouve, moi, pleine
de charme. C'est un son lent et doux, qui semble venir du rivage eloigne
de la mer et se prolonger parmi des tombeaux."]
Une affinite naturelle poussait Fontanes vers les poetes anglais: on
doit regretter qu'il n'ait pas suivi plus loin cette veine. Il avait
bien plus nettement que Delille le sentiment champetre et melancolique,
qui distingue la poesie des Gray, des Goldsmith, des Cowper: son
imagination, ou tout se terminait, en aurait tire d'heureux points de
vue, et aurait importe, au lieu du descriptif diffus d'alors, des scenes
bien touchees et choisies. Mais il aurait fallu pour cela un plus vif
mouvement d'innovation et de decouverte que ne s'en permettait Fontanes.
Il cotoya la haie du _cottage_, mais il ne la franchit pas. L'anglomanie
qui gagnait le detourna de ce qui, chez lui, n'eut jamais ete que juste.
De son premier voyage en Angleterre, il rapporta surtout l'aversion de
l'opulence lourde, du faste sans delicatesse, de l'art a prix d'or, le
degout des parcs anglais, de ces ruines factices, et de cet inculte
arrange qu'il a combattu dans son _Verger_. De l'ecole francaise en
toutes choses, il ne haissait pas dans le menagement de la nature les
allees de Le Notre et les directions de La Quintinie, comme, dans la
recitation des vers, il voulait la melopee de Racine. En se gardant de
l'abondance brillante de Delille, il negligea la libre fraicheur des
poetes anglais paysagistes, desquels il semblait tout voisin. Son
descriptif, a lui, est plutot ne de l'Epitre de Boileau a _Antoine_.
Son etude de Pope et son projet d'un poeme sur _la Nature_ le
conduisirent aisement a son Essai didactique _sur l'Astronomie_: M. de
Fontanes n'a rien ecrit de plus eleve. Je sais les inconvenients du
genre: on y est presse, comme disait en son temps Manilius, entre la
gene des vers et la rigueur du sujet:
.....Duplici circumdalus aestu
Carminis et rerum........
Il faut exprimer et chanter, sous la loi du rhythme, des lois celestes
que la prose, dans sa liberte, n'embrasse deja qu'avec peine. Comme si
ces difficultes ne se marquaient pas assez d'elles-memes, le poete, dans
sa marche logique et methodique, dans sa penible entree en matiere et
jus
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