e un moins grand nombre que
Boileau:
Quand la lune arrondie en cercle lumineux
Va, de son frere absent, nous reflechir les feux,
Il[109] vous dira pourquoi, d'un crepe enveloppee,
_Par l'ombre de la terre elle palit frappee_.
[Note 109: Cassini.]
En terminant cet Essai qui est devenu un _chant_ ou du moins un
_tableau_, le poete invite de plus hardis que lui a l'etude entiere et a
la celebration de la nature et des cieux: il se rappelle tout bas ce que
Virgile se disait au debut du troisieme livre des Georgiques:
Omnia jam vulgala: quis aut Eurysthea durum,
Aut illaudati nescit Busiridis aras?
Cui non dictus Hylas puer?......
........................................
... Tentanda via est, qua me quoque possim
Tollere humo, victorque virum volitare per ora.
Faut-il offrir toujours, sur la scene epuisee,
Des tragiques douleurs la pompe trop usee?
Des sentiers moins battus s'ouvrent devant nos pas.[110]
[Note 110: On pourrait aussi croire que le poete s'est ressouvenu de
Manilius, qui exprime la meme pensee en maint endroit de son poeme des
_Astronomiques_, et s'y complait particulierement au debut du livre II.
Apres avoir enumere les differents genres de poesie, ce successeur,
souvent rival, de Lucrece, ajoute:
Omne genus rerum doctae cecinere Sorores:
Omnis ad accessus Heliconis sernita trita est,
Et jam confusi manant de fontibus amnes,
Nec capiunt haustum turbamque ad nota ruentem:
Integra quaeramus rorantes prata per herbas.
Pourtant Fontanes semble s'etre tenu uniquement a Virgile, a Lucrece, et
n'avoir pas assez pris en consideration le poeme de Manilius, duquel
il eut pu s'inspirer pour agrandir et feconder son _Essai_. Une fois
seulement il s'est rencontre directement avec lui, mais peut-etre par
identite d'objet plutot que par imitation:
Soleil, ce fut un jour de l'annee eternelle.
Aux portes du Chaos Dieu s'avance et t'appelle!
Le noir Chaos s'ebranle, et, de ses flancs ouverts,
Tout ecumant de feux, tu jaillis dans les airs.
De sept rayons premiers ta tete est couronnee:
L'antique nuit recule, et par toi detronee.
Craignant de rencontrer ton oeil victorieux,
Te cede la moitie de l'empire des cieux.
Et Manilius, au livre Ier, passant en revue les differentes origines
possibles du monde, soit l'absence d'origine, l'eternite, soit la
creation du sein du Chaos, dit avec une precision qui certes a aussi sa
beaute:
Seu permixta Chaos
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