ssite plus vulgaire, et, comme dit Andre Chenier:
[Note 101: _Almanach des Muses_.]
[Note 102: _Almanach des Muses_, 1782.]
Quand ma main imprudente a tari mon tresor,
il sentait le besoin de se derober. Il se retirait a Poissy en hiver;
il se faisait ermite, et se vouait a l'etude entre son Tibulle et son
Virgile. Mais cela durait peu. Les amis heureux le desiraient, le
rappelaient. Un voyage en Suisse, vers 1787, auparavant un autre voyage
de deux mois en Angleterre, ne tardaient point a le leur rendre. La
prosperite pourtant ne venait pas. Si c'etait la saison des plaisirs,
c'etait aussi celle des rudes epreuves:
Redis-moi du malheur les lecons trop ameres,
a-t-il ecrit plus tard parlant a sa muse secrete et en songeant a ce
temps. Ainsi se passerent pour lui, trop au hasard sans doute, les
annees faciles et fecondes. La Revolution le surprit, et dans l'Epitre
a M. de Boisjolin, en 1792, jetant un regard en arriere, a la veille de
plus grands orages, il pouvait dire avec un regret senti:
Tu m'as trop imite: les plaisirs, la mollesse,
Dans un piege enchanteur ont surpris ta faiblesse.
La gloire en vain promet des honneurs eclatants:
Un souris de l'amour est plus doux a vingt ans;
Mais a trente ans la gloire est plus douce peut-etre.
Je l'eprouve aujourd'hui. J'ai trop vu disparaitre
Dans quelques vains plaisirs aussitot echappes
Des jours que le travail aurait mieux occupes.
Oh! dans ces courts moments consacres a l'etude,
Combien je cherissais ma docte solitude!...
C'est en cet intervalle de 1780 a 1792 qu'il convient d'examiner dans
son premier jour Fontanes: il prend place alors; sa vraie date est la.
On a pour habitude, dans les jugements vagues et dans les _a-peu-pres_
courants, de faire de lui, a proprement parler, un poete de _l'Empire_.
Il ne se jugeait pas tel lui-meme; il n'estimait guere, on le verra, la
litterature de cette epoque; il n'y faisait qu'une exception eclatante,
et s'y effacait volontiers. Il fut orateur de l'Empire, mais le poete
chez lui etait anterieur [103].
[Note 103: Je trouve dans l'_Esprit des Journaux_, aout 1787, une
_Epitre_ en vers _a M. de Fontanes,_ attribuee a un M. de C..., qui
n'est autre que Castera. La piece est tres-mediocre, mais il en ressort
evidemment que Fontanes etait a cette date un personnage litteraire a
qui l'on demandait une sorte de patronage.
Et le mortel heureux dont l'amitie sacree,
Cher Fontanes, par vous se
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