s le fond des traits, dans le tour des
lignes, a travers la couleur palie, on reconnait plus que des vestiges.
C'est le rapport de M. de Fontanes a Racine; il est de cette famille, et
il s'y presente a nous comme le dernier.
Plus la figure litteraire est simple, douce, pure, elegante, sensible
sans grande passion, plus il devient precieux d'en etudier de pres
l'originalite au sein meme de cette ressemblance. Si le poete n'a pas
fait assez, s'il a trop neglige d'elever ou d'achever son monument, cela
s'explique encore et doit sembler tout naturel; c'est qu'un instinct
secret lui disait: "La grande place est remplie, l'aieul la tient. Il
suffit que moi, qui viens tard, je ne sois pas indigne de lui, que je
l'honore par mon gout dans un siecle bien different deja, et que jamais
du moins je n'aie fausse son lointain et superieur accord par mes
accents."
Dans cette sobriete et cette paresse meme du poete, se retrouve donc un
sentiment touchant, modeste, et qu'on peut dire pieux. Je n'invente pas:
M. de Fontanes le nourrissait en son coeur et l'a exprime en plus d'un
endroit. Dans son ode sur la litterature _de l'Empire_, rappelant les
modeles du grand Siecle, beaucoup moins meconnus et moins offenses alors
par les doctrines que par les oeuvres du jour, il se borne, lui, pour
toute ambition, au role de Silius, a celui de Stace disant a sa muse:
......Nec tu divinam Aeneida tenta,
Sed longe sequere, et vestigia semper adora!
De Virgile ainsi, dans Rome,
Quand le gout s'etait perdu,
Silius a ce grand homme
Offrait un culte assidu;
Sans cesse il nommait Virgile;
Il venait, loin de la ville,
Sur sa tombe le prier;
Trop faible, helas! pour le suivre,
Du moins il faisait revivre
Ses honneurs et son laurier.
Et il avait autrement droit de se rendre ce temoignage, et de se dire
ainsi l'adorateur domestique de Racine, que Silius pour Virgile.
Mais rien n'est tout a fait simple dans la nature des choses, et il ne
faut pas, en tirant du personnage l'idee essentielle, ne voir en lui que
cette idee. Dernier parent de Racine, et adorateur du XVIIe siecle,
M. de Fontanes est pourtant du sien; il en est par les genres qu'il
accepte, par ceux meme qu'il veut renouveler; il en est par certaines
teintes philosophiques et sentimentales qui font melange a l'inspiration
religieuse, par certaines faiblesses et langueurs de son style poetique
elegant; mais, hatons-nous d'ajouter, il en est surtout par le gout
|