0: Tome IV.]
[Note 81: Sur La Fayette et sa conduite en ces annees difficiles, il
est essentiel de consulter le _Memorial de Gouverneur Morris_ (edition
francaise, tome I, pages 267, 274, 288, 302, 338, en un mot presque a
chaque page). Morris, en s'y donnant les avantages de la prevoyance
et de la prudence, comme il arrive toujours dans les memoires, fait
pourtant ressortir incontestablement l'impossibilite du role tente par
La Fayette. Il se trouve que l'Americain tient mieux compte que
le gentilhomme des difficultes et des empechements de notre vieux
monde.--Depuis la publication de la _Correspondance de Mirabeau et du
comte de La Marck_, on a toute la conduite de La Fayette eclairee par le
revers.]
Apres la Constitution juree et la cloture de l'Assemblee constituante,
La Fayette se retire en Auvergne pendant les derniers mois de 91; mais
cette retraite a Chavaniac ne saurait ressembler a celle de Washington a
Mount-Vernon; car rien n'est acheve et tout recommence. Il est mis a
la tete d'une armee des le commencement de 92. De la frontiere ou il
travaille a organiser la defense, il ecrit, le 16 juin, a l'Assemblee
legislative, et, apres le 20 juin, quittant son armee a l'improviste, il
parait a la barre de cette Assemblee pour la rappeler a l'esprit de la
Constitution, a la Declaration des droits violee chaque jour. Il veut
faire deux guerres a la fois, contre l'invasion prussienne et contre la
Revolution croissante: c'est trop. Il retourne a son camp sans avoir
rien obtenu que les honneurs de la seance: le 10 aout va lui porter la
reponse. A cette nouvelle, il met son armee en insurrection, mais
en insurrection passive; il proclame et il attend; mais il attend
vainement. L'exemple ne se propage pas, les autres armees se soumettent,
et La Fayette, voyant que le pays ne repond mot, ne songe qu'a
s'annuler, dans l'interet, non pas de la liberte qui n'existe plus,
dit-il, mais de la patrie, qu'il s'agit toujours de sauver; il passe
la frontiere avec ses aides de camp, non sans avoir pourvu a la surete
immediate de ses troupes.
Que cette conduite toute chevaleresque et civique soit jugee peu
politique, je le concois; elle est d'un autre ordre. Politiquement,
cette maniere de faire ne saurait entrer dans l'esprit de ceux qui ne la
sentent pas deja par le coeur. Lord Holland, venu en France pendant la
paix d'Amiens, causait de La Fayette avec le ministre Fouche; celui-ci,
au milieu d'expressions bienveillantes, taxai
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