2 prairial, ont merite les benedictions attachees a la journee
du 9 thermidor; et Sieyes, le Sieyes de 1789, constamment assis pendant
toute la duree de la Convention a deux places de Robespierre, a, par son
timide et complaisant silence, merite... _d'en etre oublie_[84]!"
[Note 82: Sieyes avait divise sa vie politique depuis 89 en trois
epoques. "Durant toute la tenue de l'Assemblee legislative jusqu'a
l'ouverture de la Convention, il est reste completement etranger a toute
action politique. C'est le troisieme intervalle." (_Notice de Sieyes sur
lui-meme_.) ]
[Note 83: Apres un tableau du regne de la Terreur, Sieyes ajoutait:
"Que faire, encore une fois, dans une telle nuit? attendre le jour.
Cependant cette sage determination n'a pas ete tout a fait celle de
Sieyes. Il a essaye plusieurs fois d'Etre utile, autrement que par sa
simple assiduite aux seances." (_Notice de Sieyes sur lui-meme_.) ]
[Note 84: On a beaucoup parle de Sieyes dans ces derniers temps;
sa mort l'a remis en scene. M. Mignet, dans un equitable Eloge, l'a
caracterise. Pourtant la forme meme de l'eloge academique interdisait
certains jugements et certaines revelations. On trouvera le personnage
au complet dans ces Memoires de La Fayette, surtout dans la lettre a M.
de Maubourg (tome V), ecrite a la veille du 18 brumaire. Il y a la, sur
Sieyes, a la page 103, un admirable portrait. Moi-meme je trouve, dans
des notes fidelement recueillies aupres d'un des hommes (M. Daunou) qui
ont le mieux connu, pratique et penetre Sieyes, la page suivante, que
j'apporte ici comme tribut a cette haute memoire historique. Le temps
des paralleles en regle est passe; mais, sans y faire effort, combien de
Sieyes a La Fayette le contraste saute aux yeux frappant!
"Sieyes a vecu plusieurs annees dans l'intimite de Diderot et de la
plupart des philosophes du XVIIIe siecle. Envoye tres-souvent de
Chartres a Paris pour les affaires du diocese ou du chapitre, il
jouissait de la capitale en amateur spirituel, en dilettante, et il
passait a Chartres, dans ses courts retours, pour un grand devot, parce
qu'il etait serieux. Il s'etait fait de 28 a 30,000 livres de benefices,
grosse fortune pour le temps. Il aimait beaucoup et goutait la musique,
la metaphysique aussi, on le sait, et pas du tout le travail, a
proprement parler. Quoiqu'il eut le talent et l'art d'ecrire, c'etait,
vers la fin, Des Renaudes qui lui faisait ses rares discours. Il lisait
meme tres-peu, et sa bibl
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