, en
les considerant dans leur entier, bien des inconsequences et de fausses
voies, mais aussi des sillons lumineux, des saillies franches, des
traces sinceres: moins honorables que les precedents, ils sont plus
interessants et touchants; l'imagination les aime; je les vois surtout
romanesques et poetiques. Une limite plus ou moins rapprochee, non
douteuse pourtant, les separe de ce que j'appellerai les esprits
_jacobins_; ils ont marche ensemble dans un temps, mais la qualite,
la trempe est autre. Ces derniers (et je ne parle point du tout de la
politique, mais de la litterature, de la poesie, de la critique) se
trouvent nombreux de nos jours; on pourrait croire que c'est une espece
nouvelle qui a pullule. Rien ne les effraye ni ne les rappelle; _de plus
en plus fort!_ de l'audace, puis de l'audace et encore de l'audace,
c'est la le secret a la fois et l'affiche. Dans leur hardiesse
d'erudition (s'ils sont erudits) et leur intrepidite de systeme, ils
remuent, ils levent sans doute ca et la des idees que des chemins plus
ordinaires n'atteindraient pas; mais le plus souvent a quel prix! dans
quel entourage! tout en eprouvant du respect pour la force eminente de
quelques-uns en cette famille d'esprits, j'avoue ne sentir que du degout
pour les incroyables gageures, les motions a outrance et l'impudeur
native de la plupart. Des noms paraitraient necessaires peut-etre pour
preciser, mais le present est trop riche et le passe trop pauvre en
echantillons. Seulement, et comme apercu, pour un Joseph de Maistre
combien de Linguets!
Oh! meme en simple revolution de litterature, heureux qui n'a ete que de
89 et qui s'y tient! c'est la belle cocarde. Girondin, passe encore; on
en revient avec honneur, sauf amendement et judicieuse inconsequence;
mais de 93, jamais!
Pourtant revenons aux grandes choses, au general La Fayette, a
ses _Memoires_ et a sa vie.--Independamment des recits et de la
correspondance qui represente sa vie politique de 89 a 92, on trouve a
cet endroit de la publication divers morceaux critiques de la plume du
general sur les memoires ou histoires de la Revolution; il y controle et
y rectifie successivement certaines assertions de Sieyes, de Necker,
de Ferrieres, de Bouille, de Mounier, de madame Roland, ou meme de
M. Thiers. Le ton de ces observations, bien moins polemiques
qu'apologetiques, se recommande tout d'abord par une moderation digne, a
laquelle, en des temps de passion et d'injure, c'est la premiere
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