ements et les compliments a
Savine sans que celui-ci s'adoucit.
Lorsque madame de Barizel et sa fille furent rentrees chez elles, Savine
et Roger ne se separerent point, car c'etait sans retard que celui-ci
voulait proceder a son interrogatoire.
--Faites-vous un tour? demanda-t-il d'un ton qui marquait le desir d'une
reponse affirmative.
--Je voudrais voir un peu ou en est la rouge.
Cela n'arrangeait pas les affaires de Roger, qui ne prenait souci ni de
la noire ni de la rouge; mais il n'avait qu'a accompagner Savine a la
Conversation en faisant des voeux pour qu'il gagnat, ce qui le mettrait
de belle humeur.
Il ne gagna ni ne perdit, car lorsqu'il entra dans les salles de jeu, le
vieux marquis de Mantailles vint vivement au-devant de lui, et apres un
court moment d'entretien a voix basse, Savine revint a Roger, declarant
qu'il ne jouerait pas ce soir-la.
Mais il regarda jouer et Roger dut rester pres de lui attendant qu'il
voulut bien sortir. Le sujet qu'il allait aborder etait assez delicat,
et avec un homme du caractere de Savine assez difficile pour avoir
besoin du calme du tete-a-tete dans la solitude.
Enfin ils sortirent, et aussitot qu'ils furent dans le jardin, a peu
pres desert, Roger commenca:
--J'ai a vous remercier, cher ami, de la bonne journee que vous m'avez
fait passer.
--Assez agreable en effet, dit Savine, se rengorgeant.
--Cette jeune fille est adorable.
--Oui.
Ce "oui" fut dit d'un ton grognon: ce n'etait pas de Corysandre que
Savine voulait qu'on lui parlat, c'etait de lui-meme, de lui seul; il le
marqua bien:
--Et mes chevaux, dit-il, comment trouvez-vous qu'ils ont mene cette
longue course dans des montees et des descentes et un chemin dur? Quand
il y aura des courses serieuses en France, je me charge de battre tous
vos anglais avec mes russes: nous verrons si le bai a la mode ne sera
pas remplace par notre gris, qui est la vraie couleur du cheval.
--Oh! tres bien, dit Roger avec indifference. Et madame de Barizel, vous
la connaissez beaucoup?
--Je la connais depuis que je suis a Bade, j'ai ete mis en relation avec
elle par Dayelle.
Puis, revenant au sujet qui lui tenait au coeur:
--Notez que la voiture etait lourde; vous me direz qu'on en trouverait
difficilement une mieux comprise et ou chaque detail soit aussi soigne,
aussi parfait; c'est tres vrai, mais enfin elle est lourde, et puis nous
etions sept personnes.
--Oh! mademoiselle de Barizel est si leg
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