ser de toute
toilette, ils se seraient confirmes dans leur incredulite: si cette
femme avait trente-sept ou trente-huit ans, comme on le disait, elle
etait parfaitement conservee: pas un crepon, pas la plus petite natte,
pas un cheveu gris, pas de rides, les plus beaux bras du monde, blancs,
fermes, se terminant par un poignet aussi delicat que celui d'un enfant;
avec cela une apparence de sante a defier la maladie, une solidite a
resister a tous les exces. Les propos dont Houssu s'etait fait l'echo
auraient ete explicables pour qui l'aurait vue en ce moment: elle
pouvait tres bien avoir des amants; elle pouvait etre la maitresse
d'Avizard et de Leplaquet, elle pouvait poursuivre l'idee de se faire
epouser par Dayelle, elle pouvait etre aimee. Il est vrai que si l'un de
ces amants avait penetre a cette heure dans cette chambre, il aurait pu
eprouver un mouvement de repulsion, cause par ce qu'il aurait remarque,
et emporter une facheuse impression des habitudes de sa maitresse; mais
madame de Barizel n'admettait personne dans sa chambre, a l'exception
du fidele Leplaquet, que rien ne pouvait blesser, rebuter ou degouter.
C'etait dans les appartements du rez-de-chaussee qu'elle recevait ses
amis; et la, dans un milieu ou tout etait combine pour parler aux yeux
et les charmer, entouree de fleurs fraiches, en grande toilette, rien
en elle ni autour d'elle ne permettait de deviner les dessous de son
existence vraie. Ils voyaient le salon, le boudoir, la salle a manger,
ces amis; ils ne voyaient ni la cuisine, ni les chambres; ils voyaient
les dentelles ou les guipures de la robe, les fleurs de la coiffure,
les pierreries des bijoux, ils ne voyaient pas les epingles qui
rafistolaient un jupon, les trous des bas, les dechirures de la chemise,
les raies noires du linge. Pour eux, comme pour madame de Barizel
d'ailleurs, ne comptaient que les dehors,--et ils etaient seduisants.
Elle fut bientot au lit; mais au lieu de s'allonger, elle s'assit
commodement:
--Maintenant, dit-elle, causons.
--Qu'ai-je fait encore?
--Tu n'as rien fait, et c'est la justement ce que je te reproche, et ce
n'est pas pour mon plaisir, c'est dans ton interet.
--Ton plaisir, non, j'en suis certaine; mais mon interet! Le tien aussi,
il me semble.
--Est-ce ton mariage que je veux, oui ou non?
--Le mien d'abord et le tien ensuite, c'est-a-dire le tien par le mien.
Parce que je ne parle pas, il ne faut pas s'imaginer que je ne vois pas,
c'est j
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