e.
Il s'occupait d'elle, exclusivement d'elle; tandis que le capitaine et
Berengere s'occupaient surtout de son enfant.
Et dans son coeur, l'amour de la mere avait remplace l'amour de
l'amante; cet enfant elle l'aimait aussi ardemment aussi passionnement
qu'elle avait aime Aurelien: ce qu'on faisait pour lui, l'interet ou
la sympathie qu'on lui temoignait etaient plus doux a sa tendresse
maternelle que ce qu'on eut fait pour elle-meme.
Combien de fois ses yeux s'etaient-ils mouilles de larmes en voyant
mademoiselle de la Roche-Odon prendre l'enfant dans ses bras, lui
chatouiller le menton pour lui faire faire risette et l'embrasser quand
il avait ri.
Decidee a entreprendre la conversion de Richard, Berengere avait decide
que ce serait dans ses visites a Sophie qu'elle realiserait son idee.
Sans doute il ne serait pas facile de s'entretenir librement devant miss
Armagh, dont la surveillance etait devenue de plus en plus scrupuleuse,
mais enfin, en cherchant bien, on trouverait des moyens pour se
debarrasser quelquefois et durant quelques minutes de cette gardienne
trop fidele.
Alors vivement et en quelques paroles elle pourrait le catechiser.
Que fallait-il?
Qu'il sut qu'elle desirait qu'il crut comme elle croyait, et ce devait
etre assez.
XXV
Le jeudi fixe pour l'exhortation de Richard, Berengere annonca a miss
Armagh, vers trois heures, qu'elle avait besoin d'aller a Conde, et la
vieille Irlandaise se mit avec empressement a la disposition de son
eleve.
Il s'agissait d'acheter chez les demoiselles Ledoux differents objets de
lingerie que Berengere jugeait utiles a son filleul.
Le choix fut long, car Berengere ne voulait pas arriver chez Sophie trop
longtemps avant le capitaine.
Pour retourner de chez les demoiselles Ledoux a la Rouvraye, ce n'etait
point precisement le chemin de passer devant la maison de Richard,
cependant Berengere voulut prendre cette route et justifia son desir par
une explication plus ou moins heureusement trouvee.
Elle ne savait pas si elle verrait Richard dans son jardin, mais enfin
elle verrait _sa_ maison, l'allee dans laquelle _il_ se promenait, le
saule sous lequel _il_ s'asseyait et revait.
Elle ne l'apercut point, alors elle hata le pas de peur qu'il ne fut
deja arrive chez Sophie, et elle traina derriere elle miss Armagh, qui
se demandait pourquoi, apres avoir marche si lentement d'abord, on
marchait maintenant si vite.
--Voici quelques petits obj
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