l'ovale de ta tete.
Tes yeux semblent chercher dans le fluide azur,
Les yeux clairs et luisants de ta maitresse blonde,
Pour en faire un soleil qui rende l'autre obscur.
Car tu n'as qu'une idee et qu'un amour au monde;
Tout l'univers pour toi pivote sur un nom
Et le reste n'est rien que boue et fange immonde.
Sous le laurier mystique et le divin rayon,
Tu t'avances traine par l'eclatant quadrige,
Entre la reverie et l'inspiration.
Un choeur harmonieux autour de toi voltige,
C'est la chaste Uranie avec son globe bleu,
Penchant son front reveur comme un lis sur sa tige,
Euterpe, Polymnie, un sein nu, l'oeil en feu,
C'est Clio belle et simple en son manteau severe;
Tout le sacre troupeau qui te suit comme un dieu.
Les Graces, denouant leur ceinture legere,
Dansent derriere toi, sur le char triomphal;
A l'egal d'un Cesar le monde te revere.
A ta suite l'on voit l'orgueilleux cardinal,
Comme un pavot qui brille a travers l'or des gerbes,
D'ecarlate et d'hermine inonder son cheval.
Rien n'y manque... Seigneurs blasonnes et superbes,
Pretres, marchands, soldats, professeurs, ecoliers,
Les vieillards tout chenus, et les pages imberbes;
De beaux jeunes garcons et de blonds ecuyers,
Soufflent allegrement aux bouches des trompettes
Et suspendent leurs bras aux crins blancs des coursiers.
Sur le devant du char les filles les mieux faites,
Les plus charmantes fleurs du jardin de beaute,
Font de leurs doigts de lis pleuvoir les violettes.
Tu viens du Capitole ou Cesar est monte;
Cependant tu n'as pas, o bon Francois Petrarque,
Mis pour ceinture au monde un fleuve ensanglante.
Tu n'as pas, de tes dents, pour y laisser ta marque,
Comme un enfant mauvais, mordu ta ville au sein.
Tu n'as jamais flatte, ni peuple ni monarque.
Jamais on ne te vit, en guise de tocsin,
Sur l'Italie en feu faire hurler tes rimes,
Ton role fut toujours pacifique et serein.
Loin des cites, l'auberge et l'atelier des crimes,
Tu regardes, couche sous les grands lauriers verts,
Des Alpes tout la bas bleuir les hautes cimes.
Et penchant tes doux yeux sur la source aux flots clairs
Ou flotte un blanc reflet de la robe de Laure;
Avec les rossignols tu gazouilles des vers.
Car toujours, dans ton coeur, vibre un echo sonore,
Et toujours sur ta bouche on entend palpiter
Quelque nid de sonnets eclos ou pres d'eclore.
Reveur harmonieux, tu fais bien de chanter,
C'est la le seul devoir que Dieu donne aux poetes,
Et le monde
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