ni tour;
La seule ombre qu'on ait, c'est l'ombre du vautour,
Qui traverse le ciel cherchant sa proie immonde.
L'on avance toujours et voici que l'on voit
Quelque chose de vert que l'on se montre au doigt,
C'est un bois de cypres, seme de blanches pierres.
Dieu, pour vous reposer, dans le desert du temps,
Comme des oasis, a mis les cimetieres.
Couchez-vous et dormez, voyageurs haletants.
DESTINEE.
SONNET.
Comme la vie est faite, et que le train du monde
Nous pousse aveuglement en des chemins divers;
Pareil au juif maudit, l'un, par tout l'univers,
Promene sans repos sa course vagabonde;
L'autre, vrai docteur Faust, baigne d'ombre profonde,
Aupres de sa croisee etroite, a carreaux verts,
Poursuit de son fauteuil quelques reves amers,
Et dans l'ame sans fond laisse filer la sonde.
Eh bien! celui qui court sur la terre, etait ne
Pour vivre au coin du feu; le foyer, la famille,
C'etait son voeu; mais Dieu ne l'a pas couronne.
Et l'autre, qui n'a vu du ciel que ce qui brille
Par le trou du volet, etait le voyageur;
Ils ont passe tous deux a cote du bonheur.
NOTRE-DAME.
I.
Las de ce calme plat ou d'avance fanees,
Comme une eau qui s'endort, croupissent nos annees;
Las d'etouffer ma vie en un salon etroit,
Avec de jeunes fats et des femmes frivoles,
Echangeant sans profit de banales paroles;
Las de toucher toujours mon horizon du doigt.
Pour me refaire au grand et me relargir l'ame,
Ton livre dans ma poche, aux tours de Notre-Dame;
Je suis alle souvent, Victor,
A huit heures, l'ete, quand le soleil se couche,
Et que son disque fauve, au bord des toits qu'il touche,
Flotte comme un gros ballon d'or.
Tout chatoie et reluit; le peintre et le poete
Trouvent la des couleurs pour charger leur palette,
Et des tableaux ardents a vous bruler les yeux;
Ce ne sont que saphirs, cornalines, opales,
Tons a faire trouver Rubens et Titien pales;
Ithuriel repand son ecrin dans les cieux.
Cathedrales de brume aux arches fantastiques;
Montagnes de vapeurs, colonnades, portiques,
Par la glace de l'eau doubles,
La brise qui s'en joue et dechire leurs franges,
Imprime, en les roulant, mille formes etranges
Aux nuages echeveles.
Comme, pour son bonsoir, d'une plus riche teinte,
Le jour qui fuit revet la cathedrale sainte,
Ebauchee a grands traits a l'horizon de feu;
Et les jumelles tours, ces cantiques de pierre,
Semblent les deux grands bras que la ville en prie
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