sent en arcades;
La mer qui se souleve a tes reniflements,
Et les glaces du pole et tous les elements,
Monte sur une barque entr'ouverte et disjointe,
T'enfoncer dans le flanc une mortelle pointe;
Car il faut un peu d'huile a ma lampe le soir,
Quant le soleil s'eteint et qu'on n'y peut plus voir.
Behemot, a genoux, que je pose la charge
Sur ta croupe arrondie et ton epaule large;
Je ne suis pas emu de ton enormite;
Je ferai de tes dents quelque hochet sculpte,
Et je te couperai tes immenses oreilles,
Avec leurs plis pendants, a des drapeaux pareilles
Pour en orner ma toque et gonfler mon chevet.
Oiseau Rock, prete-moi ta plume et ton duvet,
Mon plomb saura t'atteindre, et, l'aile fracassee,
Sans pouvoir achever la courbe commencee,
Des sommites du ciel, a mes pieds, sur le roc,
Tu tomberas tout droit, orgueilleux oiseau Rock.
COMPENSATION.
Il nait sous le soleil de nobles creatures,
Unissant ici-bas tout ce qu'on peut rever,
Corps de fer, coeur de flamme, admirables natures;
Dieu semble les produire afin de se prouver;
Il prend, pour les petrir, une argile plus douce,
Et souvent passe un siecle a les parachever.
Il met, comme un sculpteur, l'empreinte de son pouce
Sur leurs fronts rayonnants de la gloire des cieux,
Et l'ardente aureole en gerbes d'or y pousse.
Ces hommes-la s'en vont, calmes et radieux,
Sans quitter un instant leur pose solennelle,
Avec l'oeil immobile et le maintien des dieux.
Leur moindre fantaisie est une oeuvre eternelle,
Tout cede devant eux; les sables inconstants,
Gardent leurs pas empreints, comme un airain fidele.
Ne leur donnez qu'un jour ou donnez-leur cent ans,
L'orage ou le repos, la palette ou le glaive,
Ils meneront a bout, leurs destins eclatants.
Leur existence etrange est le reel du reve;
Ils executeront votre plan ideal,
Comme un maitre savant le croquis d'un eleve.
Vos desirs inconnus, sous l'arceau triomphal,
Dont votre esprit en songe, arrondissait la voute,
Passent assis en croupe au dos de leur cheval.
D'un pied sur, jusqu'au bout, ils ont suivi la route,
Ou, des les premiers pas, vous vous etes assis,
N'osant prendre une branche au carrefour du doute.
De ceux-la, chaque peuple en compte cinq ou six,
Cinq ou six, tout au plus, dans les siecles prosperes,
Types toujours vivants dont on fait des recits.
Nature avare; o toi! si feconde en viperes,
En serpents, en crapauds tout gonfles de venins;
Si prompte a repeupler tes immondes repai
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