res;
Pour tant d'animaux vils, d'idiots et de nains,
Pour tant d'avortements et d'oeuvres imparfaites,
Tant de monstres impurs echappes de tes mains;
Nature, tu nous dois encor bien des poetes!
CHINOISERIE.
Ce n'est pas vous, non, madame, que j'aime,
Ni vous non plus, Juliette; ni vous,
Ophelia, ni Beatrix, ni meme
Laure la blonde, avec ses grands yeux doux.
Celle que j'aime, a present, est en Chine;
Elle demeure, avec ses vieux parents,
Dans une tour de porcelaine fine,
Au fleuve jaune ou sont les cormorans.
Elle a des yeux retrousses vers les tempes,
Un pied petit, a tenir dans la main,
Le teint plus clair que le cuivre des lampes,
Les ongles longs et rougis de carmin.
Par son treillis elle passe sa tete,
Que l'hirondelle, en volant, vient toucher;
Et, chaque soir, aussi bien qu'un poete,
Chante le saule et la fleur du pecher.
SONNET.
Pour veiner de son front la paleur delicate,
Le Japon a donne son plus limpide azur,
La blanche porcelaine est d'un blanc bien moins pur
Que son col transparent et ses tempes d'agate.
Dans sa prunelle humide un doux rayon eclate;
Le chant du rossignol pres de sa voix est dur,
Et quand elle se leve, a notre ciel obscur,
On dirait de la lune en sa robe d'ouate.
Ses yeux d'argent bruni roulent moelleusement;
Le caprice a taille son petit nez charmant;
Sa bouche a des rougeurs de peche et de framboise;
Ses mouvements sont pleins d'une grace chinoise,
Et pres d'elle, on respire autour de sa beaute,
Quelque chose de doux comme l'odeur du the.
A DEUX BEAUX YEUX.
Vous avez un regard singulier et charmant;
Comme la lune au fond du lac qui la reflete,
Votre prunelle, ou brille une humide paillette,
Au coin de vos doux yeux roule languissamment;
Ils semblent avoir pris ses feux au diamant;
Ils sont de plus belle eau qu'une perle parfaite,
Et vos grands cils emus, de leur aile inquiete,
Ne voilent qu'a demi leur vif rayonnement.
Mille petits amours, a leur miroir de flamme,
Se viennent regarder et s'y trouvent plus beaux,
Et les desirs y vont rallumer leurs flambeaux.
Ils sont si transparents, qu'ils laissent voir votre ame,
Comme une fleur celeste au calice ideal
Que l'on apercevrait a travers un cristal.
LE THERMODON.
I.
J'ai, dans mon cabinet, une bataille enorme
Qui s'agite et se tord comme un serpent difforme,
Et dont l'etrange aspect arrete l'oeil surpris;
On dirait qu'on entend, avec un sourd murmu
|