ons etranges,
Eponges, polypiers, madrepores, coraux,
Comme dans les forets, s'y courbent en arceaux,
S'y decoupent en vertes franges.
Le frisson de mon dos fait trembler l'Ocean,
Ma respiration souleve l'ouragan
Et se condense en noirs nuages;
Le souffle impetueux de mes larges naseaux,
Fait, comme un tourbillon, couler bas les vaisseaux
Avec les pales equipages.
Ainsi, vous avez tort de tant faire le fier;
Pour avoir une peau plus dure que le fer
Et renverse quelque muraille;
Ma gueule vous pourrait engloutir aisement.
Je vous ai regarde, Behemot, et vraiment
Vous etes de petite taille.
L'empire revient donc a moi, prince des eaux;
Qui mene chaque soir les difformes troupeaux
Paitre dans les moites campagnes;
Moi temoin du deluge et des temps disparus;
Moi qui noyai jadis avec mes flots accrus
Les grands aigles sur les montagnes!
IV.
Leviathan se tut et plongea sous les flots;
Ses flancs ronds reluisaient comme de noirs ilots.
V.
L'OISEAU ROCK.
La bas, tout la bas, il me semble
Que j'entends quereller ensemble
Behemot et Leviathan;
Chacun des deux rivaux aspire,
Ambition folle, a l'empire
De la terre et de l'Ocean.
Eh quoi! Leviathan l'enorme,
S'asseoirait, majeste difforme,
Sur le trone de l'univers!
N'a-t-il pas ses grottes profondes,
Son palais d'azur sous les ondes?
N'est-il pas roi des peuples verts?
Behemot, dans sa patte immonde,
Veut prendre le sceptre du monde
Et se poser en souverain.
Behemot, avec son gros ventre,
Veut faire venir a son antre,
L'Univers terrestre et marin.
La pretention est etrange
Pour ces deux petrisseurs de fange,
Qui ne sauraient quitter le sol.
C'est moi, l'oiseau Rock, qui dois etre,
De ce monde, seigneur et maitre,
Et je suis roi de par mon vol.
Je pourrais, dans ma forte serre,
Prendre la boule de la terre
Avec le ciel pour ecusson.
Creez deux mondes; je me flatte
D'en tenir un dans chaque patte,
Comme les aigles du blason.
Je nage en plein dans la lumiere,
Et ma prunelle sans paupiere
Regarde en face le soleil.
Lorsque, par les airs, je voyage,
Mon ombre, comme un grand nuage,
Obscurcit l'horizon vermeil.
Je cause avec l'etoile bleue
Et la comete a pale queue;
Dans la lune je fais mon nid;
Je perche sur l'arc d'une sphere;
D'un coup de mon aile legere,
Je fais le tour de l'infini.
VI.
L'HOMME.
Leviathan, je vais, malgre les deux cascades
Qui de tes noirs events jaillis
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