he qui donne un baiser par blessure?
Dieu lui-meme a besoin quand il est blaspheme,
Pour nous benir encor de se sentir aime,
Et tu n'as pas, Jesus, traverse cette terre,
N'ayant jamais presse sur ton coeur solitaire
Un coeur sincere et pur, et fait ce long chemin
Sans avoir une epaule ou reposer ta main,
Sans une ame choisie ou repandre avec flamme
Tous les tresors d'amour enfermes dans ton ame.
Ne vous alarmez pas, esprits religieux,
Car l'inspiration descend toujours des cieux,
Et mon ange gardien, quand vint cette pensee,
De son bouclier d'or ne l'a pas repoussee.
C'est l'heure de l'extase ou Dieu se laisse voir,
L'Angelus eplore tinte aux cloches du soir;
Comme aux bras de l'amant, une vierge pamee,
L'encensoir d'or exhale une haleine embaumee;
La voix du jour s'eteint, les reflets des vitraux,
Comme des feux follets, passent sur les tombeaux,
Et l'on entend courir, sous les ogives freles,
Un bruit confus de voix et de battements d'ailes;
La foi descend des cieux avec l'obscurite;
L'orgue vibre; l'echo repond: Eternite!
Et la blanche statue, en sa couche de pierre,
Rapproche ses deux mains et se met en priere.
Comme un captif, brisant les portes du cachot,
L'ame du corps s'echappe et s'elance si haut,
Qu'elle heurte, en son vol, au detour d'un nuage,
L'etoile echevelee et l'archange en voyage;
Tandis que la raison, avec son pied boiteux,
La regarde d'en-bas se perdre dans les cieux.
C'est a cette heure-la que les divins poetes,
Sentent grandir leur front et deviennent prophetes.
O mystere d'amour! o mystere profond!
Abime inexplicable ou l'esprit se confond;
Qui de nous osera, philosophe ou poete,
Dans cette sombre nuit plonger avant la tete?
Quelle langue assez haute et quel coeur assez pur,
Pour chanter dignement tout ce poeme obscur?
Qui donc ecartera l'aile blanche et doree,
Dont un ange abritait cette amour ignoree?
Qui nous dira le nom de cette autre Eloa?
Et quelle ame, o Jesus, a t'aimer se voua?
Murs de Jerusalem, venerables decombres,
Vous qui les avez vus et couverts de vos ombres,
O palmiers du Carmel! o cedres du Liban!
Apprenez-nous qui donc il aimait mieux que Jean?
Si vos troncs vermoulus et si vos tours minees,
Dans leur echo fidele, ont, depuis tant d'annees,
Parmi les souvenirs des choses d'autrefois,
Conserve leur memoire et le son de leur voix;
Parlez et dites-nous, o forets! o ruines!
Tout ce que vous savez de ces amours divines!
Dites quels purs eclairs dans leurs yeux re
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