s violes d'amour et les cithares d'or,
Car le ciel est bien haut et l'echelle est petite;
Votre guide, effraye, redescend et vous quitte,
Et, roulant une larme au fond de son oeil bleu,
La derniere des fleurs vous jette son adieu.
La neige cependant descend silencieuse,
Et, sous ses fils d'argent, la lune soucieuse
Apparait a cote d'un soleil sans rayons;
Le ciel est tout raye de ses pales sillons,
Et la mort, dans ses doigts, tordant ce fil qui tombe,
Vous tisse un blanc linceul pour votre froide tombe.
LE PREMIER RAYON DE MAI.
Hier j'etais a table avec ma chere belle,
Ses deux pieds sur les miens, assis en face d'elle,
Dans sa petite chambre; ainsi que dans leur nid
Deux ramiers bienheureux que le bon Dieu benit.
C'etait un bruit charmant de verres, de fourchettes,
Comme des becs d'oiseaux, picotant les assiettes;
De sonores baisers et de propos joyeux.
L'enfant, pour etre a l'aise, et regaler mes yeux,
Avait ouvert sa robe, et sous la toile fine
On voyait les tresors de sa blanche poitrine;
Comme les seins d'Isis, aux contours ronds et purs,
Ses beaux seins se dressaient, etincelants et durs,
Et, comme sur des fleurs des abeilles posees,
Sur leurs pointes tremblaient des lumieres rosees;
Un rayon de soleil, le premier du printemps,
Dorait, sur son col brun, de reflets eclatants;
Quelques cheveux follets, et de mille paillettes
D'un verre de cristal allumant les facettes,
Enchassait un rubis dans la pourpre du vin.
Oh! le charmant repas! oh! le rayon divin!
Avec un sentiment de joie et de bien-etre
Je regardais l'enfant, le verre et la fenetre;
L'aubepine de mai me parfumait le coeur,
Et, comme la saison, mon ame etait en fleur;
Je me sentais heureux et plein de folle ivresse,
De penser qu'en ce siecle, envahi par la presse,
Dans ce Paris bruyant et sale a faire peur,
Sous le regne fumeux des bateaux a vapeur,
Malgre les deputes, la Charte et les ministres,
Les hommes du progres, les cafards et les cuistres,
On n'avait pas encor supprime le soleil,
Ni depouille le vin de son manteau vermeil;
Que la femme etait belle et toujours desirable,
Et qu'on pouvait encor, les coudes sur la table,
Aupres de sa maitresse, ainsi qu'aux premiers jours,
Celebrer le printemps, le vin et les amours.
LE LION DU CIRQUE.
Tout beau, fauve grondeur, demeure dans ton antre,
Il n'est pas temps encor; couche-toi sur le ventre;
De ta queue aux crins roux flagelle-toi les flancs,
Comme un sphinx accroupi d
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