ttendant que l'hiver fuie,
Je reste au coin du feu, revant.
C'est moi qui suis l'esprit de l'atre!
Le gaz, de sa langue bleuatre,
Leche plus doucement le bois;
La fumee, en filet d'albatre,
Monte et se contourne a ma voix.
La bouilloire rit et babille;
La flamme aux pieds d'argent sautille
En accompagnant ma chanson;
La buche de duvet s'habille;
La seve bout dans le tison.
Le soufflet au rale asthmatique,
Me fait entendre sa musique;
Le tourne-broche aux dents d'acier
Mele au concerto domestique
Le tic-tac de son balancier.
Les etincelles rejouies,
En etoiles epanouies,
vont et viennent, croisant dans l'air,
Les salamandres eblouies,
Au ricanement grele et clair.
Du fond de ma cellule noire,
Quand Berthe vous conte une histoire,
_Le Chaperon_ ou l'_Oiseau bleu_,
C'est moi qui soutiens sa memoire,
C'est moi qui fais taire le feu.
J'etouffe le bruit monotone
du rouet qui grince et bourdonne;
J'impose silence au matou;
Les heures s'en vont, et personne
N'entend le timbre du coucou.
Pendant la nuit et la journee,
Je chante sous la cheminee;
Dans mon langage de grillon,
J'ai, des rebuts de son ainee,
Souvent console Cendrillon.
Le renard glapit dans le piege;
Le loup, hurlant de faim, assiege
La ferme au milieu des grands bois;
Decembre met, avec sa neige,
Des chemises blanches aux toits.
Allons, fagot, petille et flambe;
Courage, farfadet ingambe,
Saute, bondis plus haut encor;
Salamandre, montre ta jambe,
Leve, en dansant, ton jupon d'or.
Quel plaisir! prolonger sa veille,
Regarder la flamme vermeille
Prenant a deux bras le tison;
A tous les bruits preter l'oreille;
Entendre vivre la maison!
Tapi dans sa niche bien chaude,
Sentir l'hiver qui pleure et rode,
Tout bleme et le nez violet,
Tachant de s'introduire en fraude
Par quelque fente du volet.
Souffle, bise! tombe a flots, pluie!
Dans mon palais, tout noir de suie,
Je ris de la pluie et du vent;
En attendant que l'hiver fuie
Je reste au coin du feu, revant.
CHANT DU GRILLON.
Regardez les branches,
Comme elles sont blanches;
Il neige des fleurs!
Riant dans la pluie,
Le soleil essuie
Les saules en pleurs,
Et le ciel reflete
Dans la violette,
Ses pures couleurs.
La nature en joie
Se pare et deploie
Son manteau vermeil.
Le paon qui se joue,
Fait tourner en roue,
Sa queue au soleil.
Tout court, tout s'agite,
Pas un lievre au gite;
L'ours sort du sommeil.
La mouche ouvre l'aile,
Et la demoise
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