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Avant de s'endormir, eleve vers son Dieu.
Ainsi que sa patronne, a sa tete gothique,
La vieille eglise attache une gloire mystique
Faite avec les splendeurs du soir;
Les roses des vitraux, en rouges etincelles,
S'ecaillent brusquement, et comme des prunelles,
S'ouvrent toutes rondes pour voir.
La nef epanouie, entre ses cotes minces,
Semble un crabe geant faisant mouvoir ses pinces,
Une araignee enorme, ainsi que des reseaux,
Jetant au front des tours, au flanc noir des murailles,
En fils aeriens, en delicates mailles,
Ses tulles de granit, ses dentelles d'arceaux.
Aux losanges de plomb du vitrail diaphane,
Plus frais que les jardins d'Alcine ou de Morgane,
Sous un chaud baiser de soleil,
Bizarrement peuples de monstres heraldiques,
Eclosent tout d'un coup cent parterres magiques
Aux fleurs d'azur et de vermeil.
Legendes d'autrefois, merveilleuses histoires
Ecrites dans la pierre, enfers et purgatoires,
Devotement tailles par de naifs ciseaux;
Piedestaux du portail, qui pleurent leurs statues,
Par les hommes et non par le temps abattues,
Licornes, loups-garous, chimeriques oiseaux,
Dogues hurlant au bout des gouttieres; tarasques,
Guivres et basilics, dragons et nains fantasques,
Chevaliers vainqueurs de geants,
Faisceaux de piliers lourds, gerbes de colonnettes,
Myriades de saints roules en collerettes,
Autour des trois porches beants.
Lancettes, pendentifs, ogives, trefles greles
Ou l'arabesque folle accroche ses dentelles
Et son orfevrerie, ouvree a grand travail;
Pignons troues a jour, fleches dechiquetees,
Aiguilles de corbeaux et d'anges surmontees,
La cathedrale luit comme un bijou d'email!
II.
Mais qu'est-ce que cela? lorsque l'on a dans l'ombre
Suivi l'escalier svelte aux spirales sans nombre
Et qu'on revoit enfin le bleu,
Le vide par-dessus et par-dessous l'abime,
Une crainte vous prend, un vertige sublime
A se sentir si pres de Dieu!
Ainsi que sous l'oiseau qui s'y perche, une branche
Sous vos pieds qu'elle fuit, la tour frissonne et penche,
Le ciel ivre chancelle et valse autour de vous;
L'abime ouvre sa gueule, et l'esprit du vertige,
Vous fouettant de son aile en ricanant voltige
Et fait au front des tours trembler les garde-fous,
Les combles anguleux, avec leurs girouettes,
Decoupent, en passant, d'etranges silhouettes
Au fond de votre oeil ebloui,
Et dans le gouffre immense ou le corbeau tournoie,
Bete apocalyptique, en s
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