fait les premiers aveux,
Et reprend tristement ses habits sur les branches.
Si vous aviez voulu, quatre licornes blanches,
Au pays d'Avalon vous auraient emporte;
Dans les tourelles d'or d'un palais enchante
Vous auriez pu passer votre vie en doux reves;
Mais non; sur les cailloux, sur les sables des greves,
Sur les eclats de verre et les tessons casses,
A travers les debris des trones renverses,
Vous avez prefere, faussant votre nature,
Pieds nus et dans la nuit, marcher a l'aventure;
Vous avez oublie les sentiers d'autrefois,
Et vous ne suivez plus la reverie au bois:
Tout ce qui vous charmait vous semble choses vaines;
Vous fermez votre oreille au babil des fontaines
Et diriez volontiers: silence! au rossignol,
Le front tout soucieux et penche vers le sol,
Vous passez sans repondre au gai salut des merles;
Ou donc est-il ce temps ou vous comptiez les perles
Et les beaux diamants aux eclairs diapres,
Que repand le matin sur le velours des pres?
Avec un soin plus grand que pour des pierres fines,
Vous enleviez aux fleurs les gouttes argentines,
Et prenant pour cordon un brin de ce fil blanc,
Que la vierge des cieux laisse choir en filant,
Vous composiez avec, enfantines merveilles,
Des colliers a trois rangs et des pendants d'oreilles.
Quel crime ont donc commis ces chers coquelicots,
Qui, passant leur front rouge entre les bles egaux,
Au revers du sillon, de leurs petites langues,
Vous faisaient autrefois de si belles harangues?
De votre negligence ils sont tout attristes
Et se plaignent au vent de n'etre plus chantes.
C'est en vain que juillet les convie a sa fete;
Ainsi que des vieillards ils vont courbant la tete,
Et s'ils pouvaient noircir ils se mettraient en deuil.
Les bluets desoles ont tous la larme a l'oeil,
Car ils vous pensent mort et ne peuvent pas croire.
Que vous avez perdu si vite la memoire
Des entretiens naifs et des charmants amours
Que vous aviez ensemble au midi des beaux jours!
Ami, vous etiez fait pour chanter sous le hetre,
Comme le doux berger que Mantoue a vu naitre,
La blonde Amaryllis en couplets alternes.
De sauvages odeurs vos vers tout impregnes,
Sentent le serpolet, le thym et la frambroise;
A vos molles chansons le bouvreuil s'apprivoise,
Et, tout emerveille, du sommet des ormeaux,
Descend de branche en branche et vient sur vos pipeaux.
Ne faites pas sortir le tonnerre des Gracques,
D'une bouche formee aux chants elegiaques;
Laisser cette besogne aux orateurs braillards,
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