i briller la lune blanche,
Et moi, toute seule en ma tour,
J'attends encore son retour.
III.
Quelqu'un monte a grands pas la rampe,
Serait-ce lui, mon doux amant?
Ce n'est pas lui, mais seulement
Mon petit page avec ma lampe.
Vents du soir, volez, dites-lui
Qu'il est ma pensee et mon reve,
Toute ma joie et mon ennui.
Voici que l'aurore se leve,
Et moi, toute seule en ma tour,
J'attends encore son retour.
LE SPECTRE DE LA ROSE.
Souleve ta paupiere close
Qu'effleure un songe virginal,
Je suis le spectre d'une rose
Que tu portais hier au bal.
Tu me pris encore emperlee
Des pleurs d'argent de l'arrosoir,
Et parmi la fete etoilee
Tu me promenas tout le soir.
O toi, qui de ma mort fus cause,
Sans que tu puisses le chasser,
Toutes les nuits mon spectre rose
A ton chevet viendra danser:
Mais ne crains rien, je ne reclame
Ni messe ni De Profundis;
Ce leger parfum est mon ame,
Et j'arrive du paradis.
Mon destin fut digne d'envie;
Pour avoir un trepas si beau,
Plus d'un aurait donne sa vie,
Car j'ai ta gorge pour tombeau,
Et sur l'albatre ou je repose
Un poete, avec un baiser,
Ecrivit: Ci-git une rose
Que tous les rois vont jalouser.
LAMENTO.
LA CHANSON DU PECHEUR.
Ma belle amie est morte,
Je pleurerai toujours;
Sous la tombe elle emporte
Mon ame et mes amours.
Dans le ciel, sans m'attendre,
Elle s'en retourna;
L'ange qui l'emmena
Ne voulut pas me prendre.
Que mon sort est amer;
Ah, sans amour, s'en aller sur la mer!
La blanche creature
Est couchee au cercueil;
Comme dans la nature
Tout me parait en deuil!
La colombe oubliee,
Pleure et songe a l'absent,
Mon ame pleure et sent
Qu'elle est depareillee.
Que mon sort est amer;
Ah, sans amour, s'en aller sur la mer!
Sur moi la nuit immense
S'etend comme un linceul;
Je chante ma romance
Que le ciel entend seul.
Ah! comme elle etait belle
Et comme je l'aimais!
Je n'aimerai jamais
Une femme autant qu'elle.
Que mon sort est amer;
Ah, sans amour, s'en aller sur la mer!
DEDAIN.
Une pitie me prend quand a part moi je songe
A cette ambition terrible qui nous ronge,
De faire parmi tous reluire notre nom,
De ne voir s'elever par-dessus nous personne,
D'avoir vivant encor le nimbe et la couronne,
D'etre salue grand comme Goethe ou Byron.
C'est la le grand souci qui tous, tant que nous somm
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