ls t'ont salie!
Les pieds des nations ont battu tes chemins;
Leur contact a lime tes vieux angles romains,
Les faux dilettanti s'erigeant en artistes,
Les milords ennuyes et les rimeurs touristes,
Les petits lords Byrons fondent de toutes parts
Sur ton cadavre a terre, o mere de Cesars;
Ils s'en vont mesurant la colonne et l'arcade;
L'un se pame au rocher et l'autre a la cascade:
Ce sont, a chaque pas, des admirations,
Des yeux leves en l'air et des contorsions:
Au moindre bloc informe et devore de mousse,
Au moindre pan de mur ou le lentisque pousse,
On pleure d'aise, on tombe en des ravissements
A faire de pitie rire les monuments.
L'un avec son lorgnon collant le nez aux fresques,
Tache de trouver beaux tes damnes gigantesques,
O pauvre Michel-Ange, et cherche en son cahier
Pour savoir si c'est la qu'il doit s'extasier;
L'autre, plus amateur de ruines antiques,
Ne reve que frontons, corniches et portiques,
Baise chaque pave de la Via-Lata,
Ne croit qu'en Jupiter et jure par Vesta.
De mots italiens fardant leurs rimes blemes,
Ceux-ci vont arrangeant leur voyage en poemes,
Et sur de grands tableaux font de petits sonnets:
Artistes et dandies, roturiers, baronnets,
Chacun te tire aux dents, belle Italie antique,
Afin de remporter un pan de ta tunique!
"Restons, car au retour on court risque souvent
De ne retrouver plus son vieux pere vivant,
Et votre chien vous mord ne sachant plus connaitre
Dans l'etranger bruni celui qui fut son maitre:
Les coeurs qui vous etaient ouverts se sont fermes,
D'autres en ont la clef, et dans vos mieux aimes,
Il ne reste de vous qu'un vain nom qui s'efface.
Lorsque vous revenez vous n'avez plus de place:
Le monde ou vous viviez s'est arrange sans vous,
Et l'on a divise votre part entre tous.
Vous etes comme un mort qu'on croit au cimetiere,
Et qui, rompant un soir le linceul et la biere,
Retourne a sa maison croyant trouver encor
Sa femme tout en pleurs et son coffre plein d'or;
Mais sa femme a deja comble la place vide,
Et son or est aux mains d'un heritier avide;
Ses amis sont changes, en sorte que le mort
Voyant qu'il a mal fait et qu'il est dans son tort,
Ne demandera plus qu'a rentrer sous la terre
Pour dormir sans reveil dans son lit solitaire.
C'est le monde. Le coeur de l'homme est plein d'oubli:
C'est une eau qui remue et ne garde aucun pli.
L'herbe pousse moins vite aux pierres de la tombe
Qu'un autre amour dans l'ame, et la larme qui tombe
N'est pas sechee encor
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