il vous derobe,
Consolez-vous par l'avenir.
Regardez; devant vous l'horizon est immense,
C'est l'aube de la vie et votre jour commence;
Le ciel est bleu, le soleil luit.
La route de ce monde est pour vous une allee
Comme celle d'un parc, pleine d'ombre et sablee;
Marchez ou le temps vous conduit.
Que voulez-vous de plus, tout vous rit, l'on vous aime:
Oh! vous avez raison, je me le dis moi-meme,
L'avenir devrait m'etre cher;
Mais c'est en vain, helas! que votre voix m'exhorte;
Je reve, et mon baiser a votre front avorte,
Et je me sens le coeur amer.
LA CHANSON DE MIGNON.
Ange de poesie, o vierge blanche et blonde,
Tu me veux donc quitter et courir par le monde;
Toi, qui, voyant passer du seuil de la maison
Les nuages du soir sur le rouge horizon,
Contente d'admirer leurs beaux reflets de cuivre,
Ne t'es jamais surprise a les desirer suivre;
Toi, meme au ciel d'ete, par le jour le plus bleu,
Frileuse Cendrillon, tapie au coin du feu,
Quel grand desir te prend, o ma folle hirondelle!
D'abandonner le nid et de deployer l'aile.
Ah! restons tous les deux pres du foyer assis,
Restons, je te ferai, petite, des recits,
Des contes merveilleux, a tenir ton oreille
Ouverte avec ton oeil tout le temps de la veille.
Le vent rale et se plaint comme un agonisant;
Le dogue reveille hurle au bruit du passant;
Il fait froid: c'est l'hiver; la grele a grand bruit fouette
Les carreaux palpitants; la rauque girouette,
Comme un hibou criaille au bord du toit pointu.
Ou veux-tu donc aller?
O mon maitre, sais-tu,
La chanson que Mignon chante a Wilhem dans Goethe:
"Ne la connais-tu pas la terre du poete,
La terre du soleil ou le citron murit,
Ou l'orange aux tons d'or dans les feuilles sourit;
C'est la, maitre, c'est la qu'il faut mourir et vivre,
C'est la qu'il faut aller, c'est la qu'il faut me suivre,
"Restons, enfant, restons: ce beau ciel toujours bleu,
Cette terre sans ombre et ce soleil de feu,
Bruleraient ta peau blanche et ta chair diaphane.
La pale violette au vent d'ete se fane;
Il lui faut la rosee et le gazon epais,
L'ombre de quelque saule, au bord d'un ruisseau frais.
C'est une fleur du nord, et telle est sa nature.
Fille du nord comme elle, o frele creature!
Que ferais-tu la-bas sur le sol etranger?
Ah! la patrie est belle et l'on perd a changer.
Crois-moi, garde ton reve.
"Italie! Italie!
Si riche et si doree; oh! comme i
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