Que des debris d'autel et des morceaux de croix.
C'est un bucher dore qui chauffe leur cuisine,
Cependant qu'accroupie au coin du feu Lesine,
Les yeux caves, le teint plus pale qu'un citron,
Tourne un maigre brouet au fond d'un grand chaudron;
L'epine de son dos est collee a son ventre,
Son epaule est convexe et sa poitrine rentre,
Elle a des sourcils gris meles de longs poils blancs;
Comme un bissac de pauvre a chacun de ses flancs,
Sa mamelle s'allonge et passe la ceinture;
On peut compter les fils de sa robe de bure,
Et quoiqu'elle soit riche a payer vingt palais;
Ses manches laissent voir ses coudes violets;
Elle claque du bec comme fait la cigogne,
Et quand elle remue et vaque a sa besogne,
On entend ses os secs a chaque mouvement,
Comme un gond mal graisse rendre un sourd grincement.
III.
Ah! race de corbeaux, ignoble bande noire,
Hyenes du passe, vrais chakals de l'histoire,
C'est vous qui disputez, dans les tombeaux ouverts,
Pour prendre leur linceul, les trepasses aux vers,
Et qui ne laissez pas debout une colonne
Sur la fosse d'un siecle ou pendre sa couronne.
Par la vie et la mort, par l'enfer et le ciel,
Par tout ce que mon coeur peut contenir de fiel.
Soyez maudits!
Jamais deluge de barbares,
Ni Huns, ni Visigoths, ni Russiens, ni Tartares,
Non, Genseric jamais; non, jamais Attila,
N'ont fait autant de mal que vous en faites la;
Quand ils eurent tue la ville aux sept collines,
Ils laisserent au corps son linceul de ruines.
Ils detruisaient, car telle etait leur mission,
Mais ne speculaient pas sur leur destruction.
C'est vous qui perdez l'art et par qui les statues,
Pres de leurs piedestaux moisissent abattues;
Destructeurs endiables, c'est vous dont le marteau
Laisse une cicatrice au front de tout chateau;
C'est vous qui decoiffez toutes nos metropoles,
Et, comme on prend un casque, enlevez leurs coupoles;
Vous qui deshabillez les saintes et les saints,
Qui, pour avoir le plomb, cassez les vitreaux peints
Et rompez les clochers, comme une jeune fille
Entre ses doigts distraits rompt une frele aiguille;
C'est a cause de vous que l'on dit des Francais:
Ils brisent leur passe: c'est un peuple mauvais.
Encor, si vous etiez la vieille bande noire!
Mais vous etes venus bien apres la victoire.
Vous becquetez le corps que d'autres ont tue;
Vous avez attendu que sa chair ait pue,
Avant que de tomber sur le geant a terre,
Vautours du lendemain! Dans le champ solitaire,
P
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