Et les analyser dans leurs fins et leurs causes;
Vous avez beau vouloir vers ce pole commun
Comme l'aiguille au nord faire tourner chacun;
Il est dans la nature, il est de belles choses,
Des rossignols oisifs, de paresseuses roses,
Des poetes reveurs et des musiciens
Qui s'inquietent peu d'etre bons citoyens,
Qui vivent au hasard et n'ont d'autre maxime,
Sinon que tout est bien pourvu qu'on ait la rime,
Et que les oiseaux bleus, penchant leurs cols pensifs,
Ecoutent le recit de leurs amours naifs.
Il est de ces esprits qu'une facon de phrase,
Un certain choix de mots tient un jour en extase,
Qui s'enivrent de vers comme d'autres de vin
Et qui ne trouvent pas que l'art soit creux et vain;
D'autres seront epris de la beaute du monde,
Et du rayonnement de la lumiere blonde;
Ils resteront des mois assis devant des fleurs,
Tachant de s'impregner de leurs vives couleurs;
Un air de tete heureux, une forme de jambe,
Un reflet qui miroite, une flamme qui flambe,
Il ne leur faut pas plus pour les faire contents.
Qu'importent a ceux-la les affaires du temps
Et le grave souci des choses politiques!
Quand ils ont vu quels plis font vos blanches tuniques
Et comment sont coupes vos cheveux blonds ou bruns
Que leur font vos discours, magnanimes tribuns!
Vos discours sont tres-beaux, mais j'aime mieux des roses.
Les antiques Venus, aux gracieuses poses,
Que l'on voit, etalant leur sainte nudite,
Realiser en marbre un reve de beaute,
Ont plus fait, a mon sens, pour le bonheur du monde,
Que tous ces vains travaux ou votre orgueil se fonde;
Restez assis plutot que de perdre vos pas.
Le lis ne file pas et ne travaille pas;
Il lui suffit d'avoir la blancheur eclatante,
Il jette son parfum et cela le contente.
Dans sa coupe il reserve aux voyageurs du ciel,
Une perle de pluie, une goutte de miel,
Et la sylphide, au bal d'Oberon invitee,
Se taille dans sa feuille une robe argentee.
Qui de vous osera lui dire, paresseux!
Parce qu'il ne fait pas de chemises pour ceux
Qui grelotant de froid, et, les chairs toutes rouges,
Se cachent en hiver sous la paille des bouges,
Et qu'il ne petrit pas de ses doigts blancs du pain
A tous les malheureux qui vont criant la faim?
Qui donc dira cela: que toute chose belle,
Femme, musique ou fleur ne porte pas en elle
Et son enseignement et sa moralite?
Comment pourrons-nous croire a la divinite
Si nous n'ecoutons pas le rossignol qui chante,
Si nous n'en voyons pas une preuve touchante
Dans la su
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