Autour de mon essor prendre et se durcir l'air.
Mes efforts etaient vains, et ma triste pensee,
Comme fait dans sa cage un captif impuissant,
Fouettait le mur d'airain de son aile brisee.
Je montai l'escalier d'un pas lourd et pesant,
Et quand s'ouvrit la porte, un torrent de lumiere
M'inonda de splendeur, tel qu'un flot jaillissant.
Sur mon oeil ebloui palpitait ma paupiere
Comme une aile d'oiseau quand il va pour voler;
On m'eut pris, a me voir, pour un homme de pierre.
Je demeurai longtemps sans pouvoir te parler,
Plongeant mes yeux ravis au fond de ta peinture
Qu'un rayon de soleil faisait etinceler.
Comme sur un balcon, une riche tenture
Pendait du haut du ciel, un beau ton d'outremer
Plus vif que nul saphir dans l'ecrin de nature.
Quelques nuages chauds, sous les frissons de l'air,
Se crepaient mollement et faisaient une frange,
Aussi blonde que l'or au manteau de l'ether.
Sur le sable eclatant, plus jaune que l'orange,
Les grands pins balancant leur large parasol
Avec l'ombre agitaient leur silhouette etrange.
Une grele de fleurs jonchait partout le sol,
Et l'on eut dit, au bout de leurs tiges pliantes,
Des papillons peureux suspendus dans leur vol.
Sous leurs robes d'azur aux lignes ondoyantes,
Le ciel et l'horizon dans un baiser charmant,
Fondaient avec amour leurs levres souriantes.
Le printemps parfume, beau comme un jeune amant,
Avec ses bras de lis environnant la terre,
Aux avances des fleurs repondait doucement.
Afin de celebrer le solennel mystere,
La nature avait mis son plus riche manteau.
Les elements joyeux faisaient treve a leur guerre.
O miracle de l'art! o puissance du beau!
Je sentais dans mon coeur se redresser mon ame
Comme au troisieme jour le Christ dans son tombeau.
L'ombre se dissipait. La belle et noble dame,
Tendant ses blanches mains du fond des cieux ouverts,
M'engageait a monter par l'escalier de flamme.
Les bouvreuils rejouis sifflaient leurs plus beaux airs,
Tout riait, tout chantait, tout palpitait des ailes,
Et les echos charmes disaient des fins de vers.
Beau cygne italien, roi des amours fideles,
Poete aux rimes d'or, dont le chant triste et doux
Semble un roucoulement de blanches tourterelles.
Figure a l'air pensif, et toujours a genoux;
Les mains jointes devant ton idole muette,
Te voila donc vivante et revenue a nous!
Je te reconnais bien; oui, c'est bien toi, poete,
Le camail ecarlate encadre ton front pur
Et marque austerement
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