rechignees.
Les carreaux y sont faits de toiles d'araignees;
Le toit pleure toujours comme un oeil chassieux,
Les murs batis d'hier semblent deja tout vieux;
Pas un seul pan d'aplomb, pas une pierre egale,
Ils sont tout bourgeonnes, pleins de lepre et de gale,
Pareils a des vieillards de debauche pourris,
Ruines sans grandeur et dignes de mepris.
Un baton, comme un bras que la maigreur decharne,
Un lange sale au poing sort de chaque lucarne.
Ce ne sont sur le bord des fenetres, que pots,
Matelas a secher, guenilles et drapeaux,
Si que chaque maison, depassant ses murailles,
A l'air d'un ventre ouvert dont coulent les entrailles.
Des hommes vivent la, dans leur fange abrutis,
Leurs femmes mettent bas et leur font des petits
Qui grouillent aussitot sous les pieds de leurs peres,
Comme sous un fumier grouille un noeud de viperes.
Dans la plus noire ordure, au milieu des ruisseaux,
On les voit barbotter pareils a des pourceaux;
On les voit scrophuleux, noues et culs-de-jattes,
Comme un crapaud blesse qui saute sur trois pattes,
Descendre en trebuchant quelque raide escalier
Ou suivre tout en pleurs un coin de tablier.
D'autres, en vagissant d'une bouche fletrie,
Sucent une mamelle epuisee et tarie,
Et les meres s'en vont chantant d'une aigre voix
Un ignoble refrain en ignoble patois.
Quant aux hommes, ils sont partis a la maraude,
A peine verrez-vous quelque fievreux qui rode,
Le corps entortille dans un pale lambeau,
Plus jaune et plus osseux qu'un mort sous le tombeau.
Aucun soleil jamais ne dore ces fronts haves,
Nul rayon ne descend en ces affreuses caves
Et n'y jette a travers la noire humidite
Un blond fil de lumiere aux chauds jours de l'ete.
Une odeur de prison et de maladrerie,
Je ne sais quel parfum de vieille juiverie
Vous ecoeure en entrant et vous saisit au nez.
Des vivants comme nous sont pourtant condamnes
A respirer cet air aux miasmes mephitiques,
Ainsi qu'en exhalaient les avernes antiques;
Les belles fleurs de mai ne s'ouvrent pas pour eux,
C'est pour d'autres qu'en juin les cieux se font plus bleus,
Ils sont desherites de toute la nature,
Pour apanage ils n'ont que fange et pourriture.
Ces hommes, n'est-ce pas, ont le sort bien mauvais?
Tout malheureux qu'ils sont, moi pourtant je les hais
Et si j'ai fait jaillir de ma sombre palette,
Avec ses tons boueux cette ebauche incomplete;
Certes ce n'etait pas dans le dessein pieux
De secher votre bourse et de mouiller vos yeux.
Dieu merci! je n
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