rouler mon crane sur la terre,
Et vous souffrez cela sans prendre le tonnerre,
Sans frapper ces maudits!
Il est donc vrai! Le ciel a perdu sa puissance.
Le Christ est mort, le siecle a pour Dieu, la science,
Pour foi, la liberte.
Adieu les doux parfums de la rose mystique;
Adieu l'amour; adieu la poesie antique;
Adieu sainte beaute!
Vos peintres auront beau, pour voir comme elle est faite,
Tourner entre leurs mains et retourner ma tete,
Mon secret est a moi.
Ils copieront mes tons, ils copieront mes poses,
Mais il leur manquera ce que j'avais, deux choses,
L'amour avec la foi!
Dites qui d'entre vous, fils de ce siecle infame,
Peut rendre saintement la beaute de la femme;
Aucun, helas! aucun.
Pour vos petits boudoirs, il faut des priapees;
Qui vous jette un regard, o mes vierges drapees,
O mes saintes! Pas un.
L'aiguille a fait son tour. Votre tache est finie,
Comme un pale vieillard le siecle a l'agonie
Se lamente et se tord.
L'ange du jugement embouche la trompette
Et la voix va crier: Que justice soit faite,
Le genre humain est mort!
Je n'entendis plus rien. L'aube aux levres d'opale,
Tout endormie encor, sur le vitrage pale
Jetait un froid rayon,
Et je vis s'envoler, comme on voit quelque orfraye,
Que sous l'arceau gothique une lueur effraye,
L'etrange vision!
LA MORT DANS LA VIE.
IV.
La mort est multiforme, elle change de masque
Et d'habit plus souvent qu'une actrice fantasque;
Elle sait se farder,
Et ce n'est pas toujours cette maigre carcasse,
Qui vous montre les dents et vous fait la grimace
Horrible a regarder.
Ses sujets ne sont pas tous dans le cimetiere,
Ils ne dorment pas tous sur des chevets de pierre
A l'ombre des arceaux;
Tous ne sont pas vetus de la pale livree,
Et la porte sur tous n'est pas encor muree
Dans la nuit des caveaux.
Il est des trepasses de diverse nature,
Aux uns la puanteur avec la pourriture,
Le palpable neant,
L'horreur et le degout, l'ombre profonde et noire,
Et le cercueil avide entr'ouvrant sa machoire
Comme un monstre beant.
Aux autres, que l'on voit sans qu'on s'en epouvante
Passer et repasser dans la cite vivante
Sous leur linceul de chair,
L'invisible neant, la mort interieure
Que personne ne sait, que personne ne pleure,
Meme votre plus cher.
Car, lorsque l'on s'en va da
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