'etait un cavalier avec un grand panache,
De longs cheveux boucles, une noire moustache
Et des eperons d'or;
Il avait le manteau, la rapiere et la fraise,
Ainsi qu'un raffine du temps de Louis treize,
Et semblait jeune encor.
Mais en regardant bien, je vis que sa perruque
Sous ses faux cheveux bruns laissait pres de sa nuque
Passer des cheveux blancs;
Son front, pareil au front de la mer soucieuse,
Se ridait a longs plis; sa joue etait si creuse
Que l'on comptait ses dents.
Malgre le fard epais dont elle etait platree,
Comme un marbre couvert d'une gaze pourpree
Sa paleur transpercait;
A travers le carmin qui colorait sa levre,
Sous son rire d'emprunt on voyait que la fievre
Chaque nuit le baisait.
Ses yeux sans mouvement semblaient des yeux de verre
Ils n'avaient rien des yeux d'un enfant de la terre,
Ni larmes ni regard.
Diamant enchasse dans sa morne prunelle
Brillait d'un eclat fixe, une froide etincelle.
C'etait bien un vieillard!
Comme l'arche d'un pont son dos faisait la voute,
Ses pieds endoloris, tout gonfles par la goutte.
Chancelaient sous son poids.
Ses mains pales tremblaient; ainsi tremblent les vagues,
Sous les baisers du Nord, et laissaient fuir leurs bagues
Trop larges pour ses doigts.
Tout ce luxe, ce fard sur cette face creuse,
Formait une alliance etrange et monstrueuse.
C'etait plus triste a voir
Et plus laid, qu'un cercueil chez des filles de joie,
Qu'un squelette pare d'une robe de soie,
Qu'une vieille au miroir.
Confiant a la nuit son amoureuse plainte,
Il attendait devant une fenetre eteinte,
Sous un balcon desert.
Nul front blanc ne venait s'appuyer au vitrage,
Nul soleil de beaute ne montrait son visage
Au fond du ciel ouvert.
Dis, que fais-tu donc la, vieillard, dans les tenebres,
Par une de ces nuits ou les essaims funebres
S'envolent des tombeaux?
Que vas-tu donc chercher si loin, si tard, a l'heure
Ou l'Ange de minuit au beffroi chante et pleure
Sans page et sans flambeaux?
Tu n'as plus l'age ou tout vous rit et vous accueille,
Ou la vierge repand a vos pieds, feuille a feuille,
La fleur de sa beaute.
Et ce n'est plus pour toi que s'ouvrent les fenetres;
Tu n'es bon qu'a dormir aupres de tes ancetres
Sous un marbre sculpte.
Entends-tu le hibou qui jette ses cris aigres?
Entends-tu dans les bois hurler les grands
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