ux clairsemes d'arbres chauves,
Avec un horizon sans couronne d'azur,
Bornant de tous cotes le regard comme un mur,
Et dans les roseaux secs pres d'une eau noire et plate
Quelque maigre heron debout sur une patte.
Sur la caverne, un pin, ainsi qu'un spectre en deuil
Qui tend ses bras voiles au-dessus d'un cercueil,
Tendrait ses bras en pleurs, et du haut de la voute
Un maigre filet d'eau suintant goutte a goutte,
Marquerait par sa chute aux sons intermittents
Le battement egal que fait le coeur du temps.
Comme la Niobe qui pleurait sur la roche,
Jusqu'a ce que le lierre autour de moi s'accroche,
Je demeurerais la les genoux au menton,
Plus ploye que jamais, sous l'angle d'un fronton,
Ces Atlas accroupis gonflant leurs nerfs de marbre;
Mes pieds prendraient racine et je deviendrais arbre;
Les faons aupres de moi tondraient le gazon ras,
Et les oiseaux de nuit percheraient sur mes bras.
C'est la ce qu'il me faut plutot qu'un monastere;
Un couvent est un port qui tient trop a la terre;
Ma nef tire trop d'eau pour y pouvoir entrer
Sans en toucher le fond et sans s'y dechirer.
Dut sombrer le navire avec toute sa charge,
J'aime mieux errer seul sur l'eau profonde et large.
Aux barques de pecheur l'anse a l'abri du vent,
Aux simples naufrages de l'ame, le couvent.
A moi la solitude effroyable et profonde,
par dedans, par dehors!
Un couvent, c'est un monde;
On y pense, on y reve, on y prie, on y croit:
La mort n'est que le seuil d'une autre vie; on voit
Passer au long du cloitre une forme angelique;
La cloche vous murmure un chant melancolique;
La Vierge vous sourit, le bel enfant Jesus
Vous tend ses petits bras de sa niche; au-dessus
De vos fronts inclines, comme un essaim d'abeilles,
Volent les Cherubins en legions vermeilles.
Vous etes tout espoir, tout joie et tout amour,
A l'escalier du ciel vous montez chaque jour;
L'extase vous remplit d'ineffables delices,
Et vos coeurs parfumes sont comme des calices;
Vous marchez entoures de celestes rayons
Et vos pieds apres vous laissent d'ardents sillons!
Ah! grands voluptueux, sybarites du cloitre,
Qui passez votre vie a voir s'ouvrir et croitre
Dans le jardin fleuri de la mysticite,
Les petales d'argent du lis de purete,
Vrais libertins du ciel, devots Sardanapales,
Vous, vieux moines chenus, et vous, novices pales,
Foyers couverts de cendre, encensoirs ignores,
Quel don Juan a jamais sous ses lambris dores
Senti des voluptes comparabl
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