nd les
democrates proposent une progression moderee, les ouvriers exigent une
progression qui ruine le grand capital; quand les democrates proposent
une reduction des dettes nationales, les ouvriers exigent la banqueroute
de l'Etat." Et leur manifeste finit avec ces mots: "leur devise dans la
lutte (c'est-a-dire, celle du parti proletarien) doit etre la revolution
en permanence."
Quelle difference avec la tendance etatiste des premiers desiderata!
Marx ne savait pas precisement ce qu'il voulait et c'est pourquoi tous
les deux ont raison, M. le professeur Georg Adler, qui met le doigt sur
les tendances anarchistes de Marx et M. Kautsky, qui affaiblit la
signification des paroles de Marx et signale ses idees centralistes, car
le premier cite la premiere moitie, les considerants, et le second la
seconde moitie avec les desiderata pratiques[51].
Contre ces traits caracteristiques des marxistes, il n'y a pas
grand'chose a dire. Et si jadis j'ai pu croire qu'il ne fallait pas
attribuer a Marx la tactique que ses partisans aveugles ont declaree la
seule salutaire, j'ai fini par me rendre compte que Marx lui-meme
suivrait cette direction. J'en ai acquis la certitude par la lecture de
cette lettre de Bakounine ou il ecrit: "Le fait principal, qui se
retrouve egalement dans le manifeste redige par M. Marx en 1864, au nom
du conseil general provisoire et qui a ete elimine du programme de
l'Internationale par le congres de Geneve, c'est la CONQUETE DU POUVOIR
POLITIQUE PAR LA CLASSE OUVRIERE. On comprend que des hommes aussi
indispensables que MM. Marx et Engels soient les partisans d'un
programme qui, en consacrant et en preconisant le pouvoir politique,
ouvre la porte a toutes les ambitions. Puisqu'il y aura un pouvoir
politique, il y aura necessairement des sujets travestis
republicainement en citoyens, il est vrai, mais qui n'en seront pas
moins des sujets, et qui comme tels seront forces d'obeir, parce que
sans obeissance il n'y a point de pouvoir possible. On m'objectera
qu'ils n'obeissent pas a des hommes mais a des lois qu'ils auront faites
eux-memes. A cela je repondrai que tout le monde sait comment, dans les
pays les plus democratiques les plus libres mais politiquement
gouvernes, le peuple fait les lois, et ce que signifie son obeissance a
ces lois. Quiconque n'a pas le parti pris de prendre des fictions pour
des realites, devra bien reconnaitre que, meme dans ces pays, le peuple
obeit non a des lois qu'il fait reel
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