urs; si, malgre tout, quelques-uns continuaient
une vie aussi deshonorante, ce serait la preuve d'un etat maladif qu'on
devrait tacher de guerir par l'hygiene. Pourquoi speculer sur les
sentiments vils de l'homme et non sur ses bons sentiments? Par
application de la derniere methode, on arriverait pourtant a de tout
autres resultats qu'avec la premiere.
Quant a moi, je suis convaincu qu'il n'y aura pas d'amelioration a cette
situation tant qu'existera la famille, dans l'acception que l'on donne
actuellement a ce mot. Chaque famille forme pour ainsi dire un groupe
qui se pose plus ou moins en ennemi vis-a-vis d'un autre groupe.
Longtemps encore on pourra precher la fraternite; tant que les enfants
ne verront pas par l'education collective qu'ils appartiennent a une
seule famille, ils ne connaitront pas la fraternite. Regle generale, les
parents sont les pires educateurs de leurs propres enfants. Je pourrais
citer des exemples d'excellents educateurs pour les enfants des autres
donnant une tres mauvaise education a leurs propres enfants.
Les enfants, aussi longtemps qu'ils prennent le sein, resteraient sous
la surveillance de la mere, apres quoi ils seraient eleves
collectivement, sous la surveillance des parents. Nous ne voulons point
d'orphelinats ou d'etablissements ou les enfants soient enfermes
derriere d'epaisses murailles, sans connaitre les soins familiaux; non,
tout ce qui sent l'hospice doit etre banni. Il faut des institutions
accessibles a tous, et surveillees constamment par la communaute. Et
nous ne croyons pas que l'affection en soit exclue et que les enfants y
soient prives de la chaleur bienfaisante de l'amour.
Nous devons demander d'abord s'il existe quelque chose que l'on puisse
appeler amour maternel? si la soi-disant consanguinite a quelque valeur?
Supposons qu'apres la naissance d'un enfant on remplace celui-ci par un
autre: la question est de savoir si la mere s'en apercevrait? S'il
existe une sorte de lien du sang, elle devrait le remarquer. Il n'y a
rien de tout cela. Quelqu'un qui s'est charge de soigner continuellement
un enfant, ne l'aime-t-il pas autant que si c'etait son propre enfant?
Nous ne parlons pas du pere, car l'amour paternel est naturellement tout
autre. Si l'enfant appartient a l'un des parents, c'est evidemment a la
mere. Meme par rapport a l'amour maternel la question se pose si ce
n'est pas une suggestion, une imagination. Il existe evidemment un lien
entre la mere et l'enf
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