ite, l'autre comme un socialisme
d'Etat, ou paternalisme ou controle gouvernemental de chaque chose.
L'etatiste tache d'ameliorer et d'emanciper les ouvriers par les lois,
par la legislation. L'etatiste demande le droit de choisir ses propres
reglementateurs. Les anarchistes ne veulent avoir ni de reglementateurs
ni de legislateurs, ils poursuivent le meme but par l'abolition des
lois, par l'abolition de tout gouvernement, laissant au peuple la
liberte d'unir on de diviser si le caprice ou l'interet l'exige;
n'obligeant personne, ne dominant aucun parti."
C'est la meme idee que l'illustre historien Buckle a developpee dans
son Histoire de la civilisation, en constatant les deux elements opposes
au progres de la civilisation humaine. Le premier est l'Eglise qui
determine ce qu'on doit croire; le second est l'Etat qui determine ce
qu'il faut faire. Et il dit que les seules lois des trois ou quatre
siecles passes ont ete des lois qui abolissaient d'autres lois[88].
Il serait curieux que nous, qui gemissons sous le joug de lois
regulierement augmentees par les parlements, nous donnions notre appui a
un systeme dans lequel il n'y aurait pas une diminution mais au
contraire une augmentation des lois. Il est possible que nous serons
obliges depasser par cette route, c'est-a-dire d'en venir par la
multiplication des lois a l'abolition, des lois, mais cette periode sera
une _via dolorosa_. Par exemple on demande des lois protectrices du
travail et du travailleur, dont une societe rationnelle n'a pas besoin.
Qui donc si la necessite ne l'y obligeait, donnerait ses enfants a
l'usine, a l'atelier, veritable holocauste?
Toute loi est despotique et a mesure que nous aurons plus de lois, nous
serons moins libres. Dans une assemblee d'hommes vraiment civilises on
n'a pas besoin de reglement d'ordre: quand vous avez la parole je me
tais et j'attends le moment ou vous aurez fini de parler, et quand il y
a deux trois personnes qui veulent monter a la tribune, elles ne se
battent pas mais attendent pour prendre la parole les unes apres les
autres. Quand on dine a table d'hote, on ne voit pas quelqu'un prendre
tout, de facon que les autres n'aient rien, on ne se bat pas pour etre
servi le premier, tout va selon un certain ordre et les convives
observent des regles de politesse, que personne n'a dictees. Chacun
recoit assez et la personne qui est servie la derniere aura sa portion
comme les autres. Pourquoi oublie-t-on toujours ces exem
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