t de l'exploitation, la loi a
suivi les memes phases de developpement que le capital."
Et le systeme parlementaire ne fait qu'enregistrer ce qui, en realite,
existe deja. De deux choses l'une: ou bien la loi est prealable, et
alors, ainsi qu'en Amerique les lois sur le travail, dont les
inspecteurs disent que l'application laisse beaucoup a desirer, elle
n'est plus appliquee quand les patrons et avec eux la justice ne les
veulent pas respecter; ou bien la loi est arrieree, et alors elle n'est
plus necessaire. Ce systeme est celui des carabiniers d'Offenbach:
Qui, par un malheureux hasard
Arrivent toujours trop tard.
C'est la force qui decide toujours. Au lendemain d'une victoire, le
peuple ne manque jamais de presenter une declaration des droits aussi
radicale que possible: tout le monde applaudit, on se croit libre enfin.
Le peuple se satisfait de droits inscrits sur le papier. Le peuple se
laissa toujours duper et il est possible qu'il se laisse de nouveau
duper par les social-democrates, qui une fois en place oublieront leurs
promesses. C'est pourquoi il faut l'avertir, car un averti en vaut deux.
Le peuple est toujours servi beaucoup moins bien que les souverains. Il
a ses orateurs, qui ont une grande bouche et de belles paroles; mais les
souverains ont leurs serviteurs, qui parlent moins mais agissent avec
les canons et les fusils. Quelques jours apres la victoire, et sous
pretexte d'ordre legal, la constitution sera moins bien observee:
quelques jours encore et, sous pretexte d'ordre administratif, on est
gouverne par des reglements de police.
Les souverains et les gouvernants sont comme les feuilles des arbres:
ils changent d'opinion quand bon leur semble et, lorsqu'ils craignent de
perdre leur trone, ils font comme Liebknecht, ils changent vingt-quatre
fois par jour de tactique, et d'opinion.
Voici un exemple curieux.
Avant 1848 il y avait en Hollande un parti qui faisait de l'agitation
pour obtenir la revision de la constitution, mais le roi Guillaume II ne
la voulait pas et il avait dit une fois: "aussi longtemps que je vivrai,
il n'y aura pas de revision de la constitution." La revolution de
fevrier 1848 eclata a Paris et le roi Louis-Philippe fut chasse de
France. Cette revolution fit son chemin. A Vienne, a Berlin et dans
beaucoup de villes de l'Europe on eprouva l'influence de cette secousse
politique; alors le roi Guillaume trembla pour son trone, il eut peur de
suivre le meme chemin qu
|