convenant a
une morale saine nous permettant de penser, de chercher et d'agir en
consequence de nos pensees et de nos aspirations. La morale independante
sera donc tout autre que celle qu'on a prechee jusqu'a ce jour.
Et pourtant tous ces commandements sont litteralement foules aux pieds,
car la bouche les preche et en realite on ne les execute pas. Tout homme
pensant doit etre frappe par l'immensite de l'abime qui existe entre
l'ideal et la realite. Prenez le precepte chretien "Faites aux autres ce
que vous voudriez qu'on vous fit" et faites-en la base d'une societe
socialiste. Pourtant les adversaires les plus acharnes des socialistes
sont justement les chretiens, (mais ils n'ont de chretien que le nom,
afin de pouvoir mieux renier la doctrine).
Notre organisation sociale entiere est basee sur l'hypocrisie, soutenue
et maintenue par la force.
L'homme intelligent peut-il approuver pareille societe?
Tout, absolument tout, devra etre change lorsque la societe aura brise
les chaines economiques qui l'enserrent.
L'art lui-meme n'est que de l'adresse. Et il n'en peut etre autrement,
car ce ne sont pas de nobles aspirations qui poussent l'artiste a creer,
mais l'esprit de lucre. Et l'artiste, s'il ne veut pas mourir de faim,
doit plier son talent au gout (bon ou mauvais) des Mecenes qui, pour la
plupart, sont des parvenus millionnaires.
La science n'est qu'un amas de connaissances comprimees, dans la gaine
des notions academiques. Combien peu parmi les pionniers de la science
occupent une chaire dans nos universites! A juste titre Busken Huet a
dit: "Les murs des chambres senatoriales de nos academies sont couverts
de portraits de savants de moyenne valeur. Les portraits des vrais
pionniers manquent."
Une revision de chaque branche de la science s'impose et nous
trouverions beaucoup a changer si jamais une revolution nous delivrait
du joug qui pese si lourdement sur la societe. Au commencement, on ne
saura peut-etre pas bien par ou commencer. Tout un nettoyage devra se
faire dans nos bibliotheques, remplies de livres sans valeur ni verite,
qui ont ete ecrits, non pour l'avancement de la science, mais pour
plaire a ceux qui detiennent le pouvoir et leur fournir ainsi des
arguments avocassiers, derriere lesquels ils se cachent et font semblant
de defendre le droit et la societe.
J'ai ete impressionne par la phrase suivante, recueillie dans la _Morale
sans obligation ni sanction_, le beau livre du philosophe Gu
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