i malicieuse
que juste: "Marx et Engels sont les deux exceptions du genre humain.
Font aussi exception leurs heritiers, Liebknecht, Bebel, Auer, Guesde,
et autres. L'ouvrier ignorant, le troupeau humain, compose
d'insignifiantes nullites, doivent se soumettre et obeir a tous ces
"Uebermenschen," ces etres surhumains. C'est ce qu'on appelle l'egalite
social-democratique et scientifique."
Et on ose dire cela apres l'admirable etude de John Stuart Mill sur la
Liberte! Lisez son chapitre troisieme sur "la personnalite comme une des
bases du bien public" et vous verrez quelle place preponderante il veut
donner a la personnalite, a l'individualite. Et certainement quand on
tue l'individualite, on tue tout ce qu'il y a de haut et de
caracteristique dans l'homme. En Allemagne tout est dresse
militairement, le soldat est l'ideal de chaque Allemand, et voila la
raison pour laquelle le deuxieme mot du social-democrate allemand est:
discipline du parti.
La discipline de l'ecole vient avec la discipline de la maison
paternelle, et elle est suivie de la discipline de l'usine et de
l'atelier, pour etre continuee par la discipline de l'armee et enfin par
la discipline du parti. Toujours et partout, la discipline. Ce n'est pas
par hasard que le livre de Max Stirner[90] nous vient d'Allemagne, c'est
la reaction contre la discipline. Et il y a peu de personnes qui aient
compris les idees superieures de Wilhelm von Humboldt[91], quand il dit
que "le but de l'homme ou ce qui est prescrit par les lois eternelles et
immuables de la raison, et non pas inspire par les desirs vains et
passagers, doit resider dans le developpement le plus harmonieux
possible des forces en vue d'un tout complet et coherent" et que deux
choses y sont necessaires: la liberte et la variete des circonstances,
l'union de ces deux forces produisant "la force individuelle et la
variete multipliee," qui peuvent se combiner avec l' "originalite". La
grande difficulte reste toujours de definir les limites de l'autorite de
la societe sur l'individu.
"Quelle est la limite legitime ou la souverainete de l'individu finit de
soi-meme et ou commence l'autorite de la societe?
Quelle part de la vie humaine est la propriete de l'individu et quelle
la propriete de la societe[92]?"
Voila une question qui interesse tous les penseurs et qui est traitee
d'une maniere magistrale par Mill. En vain vous chercherez une
discussion approfondie de ces questions theoriques chez les
s
|