ocialisme d'Etat dans la comprehension generale est l'Etat
regulateur de l'industrie, de l'agriculture, de tout. On veut faire de
l'industrie un fonctionnement d'Etat, et au lieu des patrons
capitalistes on aura l'Etat. Quand l'Etat actuel aura annexe
l'industrie, il restera ce qu'il est. Mais avec le suffrage universel,
lorsqu'en 1898, annee de salut, les social-democrates allemands auront
la majorite, comme Engels et Bebel l'ont predit, alors il est evident
qu'on pourra transformer l'Etat a volonte, et le socialisme qu'on
introduira alors sera le socialisme d'Etat.
Liebknecht appelle le socialisme d'Etat d'aujourd'hui le capitalisme
d'Etat, mais il y a une confusion terrible dans les mots. Nous demandons
ceci: quand la majorite du parlement sera socialiste et qu'on aura mis
telle ou telle branche de l'industrie entre les mains de l'Etat, sera-ce
la le socialisme d'Etat, oui ou non?
Nous disons: oui, certainement.
Au Congres de Berlin, Liebknecht disait dans sa resolution: "Le
soi-disant socialisme d'Etat, en ce qui concerne la transformation de
l'industrie et sa remise a l'Etat avec des dispositions fiscales, veut
mettre l'Etat a la place des capitalistes et lui donner le pouvoir
d'imposer au peuple ouvrier le double joug de l'exploitation economique
et de l'esclavage politique."
Mais c'est justement ce que nous disons de la social-democratie.
Examinons ces desiderata.
Si l'Etat reglait toutes les branches de l'administration, on serait
oblige d'obeir, car autrement on ne pourrait trouver de travail
ailleurs.
Et de meme que la dependance economique, la dependance politique serait
plus dure; l'esclavage economique amenerait l'esclavage politique; et a
son tour l'esclavage politique influerait sur l'esclavage economique, le
rendant plus dur et plus rigoureux.
Quand Liebknecht dit cela, il comprend tres bien le danger et ne change
pas la question en l'escamotant par un habile jeu de mots. Le
capitalisme d'Etat comme il l'appelle sera le socialisme d'Etat, du
moment que les socialistes seront devenus le gouvernement et encourra
les memes reproches que ceux que l'on formule contre l'Etat actuel. On
est esclave et non pas libre, et un esclave de l'Etat, monarchique ou
socialiste, est un esclave. Nous qui voulons l'abolition de tout
esclavage, nous combattons la social-democratie qui est le socialisme
d'Etat de l'avenir. Ce que Liebknecht dit de l'Etat des Jesuites du
Paraguay est applicable a l'Etat social-d
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