e son collegue Louis-Philippe de France.
Qu'arriva-t-il? Ce meme roi prit l'initiative d'une revision et parlant
aux ambassadeurs etrangers il declara: Voici un homme qui en un jour de
pur conservateur est devenu liberal. Pourquoi? Parce qu'il preferait un
trone avec une constitution a la chance de perdre sa royaute.
Si les circonstances changent, on voit souvent les memes personnes faire
le contraire de ce qu'elles avaient jure.
Ainsi, en 1848, le roi de Prusse Guillaume Frederic craignait de perdre
son trone. Pendant que le peuple etait en armes et que la revolte
menacait de triompher, le roi fit toutes les promesses qu'on exigea de
lui. Le mot d'ordre fut: si vous consentez a desarmer, je vous donnerai
une constitution. Le peuple a toujours trop de confiance, il crut le
roi, il deposa les armes, et quand l'effervescence fut passee, le roi
restant tres bien arme, fut le plus fort et oublia toutes ses promesses.
Le peuple ne doit donc jamais desarmer au jour du combat, car un peuple
desarme n'est plus rien, tandis qu'un peuple arme est une force qui
inspire du respect meme aux adversaires.
Et toujours et partout les princes marchent au despotisme et les peuples
a la servitude.
Ce ne sont pas les tyrans qui font les peuples esclaves, mais ce sont
les peuples esclaves qui rendent possibles les tyrans.
Un tyran peut-il dominer quand le peuple se sent libre? Non certes, sa
puissance ne durerait pas un jour. Un tyran est toujours un peu
superieur a ceux qui l'ont fait tyran. Au lieu de condamner un tyran, il
faut condamner encore plus le peuple esclave qui tolere la tyrannie.
Mais en dominant on devient de plus en plus mauvais, car l'appetit vient
en mangeant.
Les institutions engendrent l'esclavage, et c'est pour cela que nous
prechons l'abolition des institutions. L'Etat est la tyrannie organisee
et c'est pourquoi nous voulons la croisade contre l'Etat.
On ne peut dire que l'emancipation de l'humanite viendra par
l'emancipation des individus; mais on ne peut non plus dire qu'elle
sortira d'une reorganisation violente de la societe, arrivant
spontanement, par une sorte de miracle. Sans les individus emancipes, il
n'est pas possible de reorganiser et sans une organisation les individus
ne peuvent etre emancipes. Il y a des connexions remarquables et ce que
la nature a uni, nous ne pouvons le desunir.
On dit toujours: sans l'Etat se produirait l'aneantissement de
l'organisation actuelle, le desordre complet,
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